Recrutement, formation et rémunération : le plan du gouvernement pour attirer des enseignants

Souvent annoncée, sans cesse reportée, la réforme de la formation des professeurs sera lancée à la rentrée 2025. Son coût : 500 millions d’euros par an.
C'est un peu le retour de la réforme des enseignants. Annoncée dès le début de son mandat par Emmanuel Macron, lancée par Gabriel Attal, préparée par Nicole Belloubet, reprise par Anne Genetet, la réforme de la formation des enseignants est finalement mise en place par François Bayrou et Élisabeth Borne.
L'annonce a été faite ce vendredi 28 mars à l'école primaire Claude-Monet de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), où le Premier ministre et la ministre de l'Éducation, numéro deux du gouvernement, sont venus assister à un atelier d'écriture proposé à des élèves de CP.
L'occasion pour le binôme d'annoncer une première réforme, évoquée dès sa déclaration de politique générale par le Premier ministre : la reconquête de l'écrit de la primaire à la terminale. Objectif : mettre fin aux disparités dans les pratiques pédagogiques d'une classe à l'autre, et ainsi offrir à tous les élèves "le même rapport à la langue, au monde et aux autres", dans le contexte notamment d'une société gagnée par les écrans, décrypte une source gouvernementale.
L'enjeu est aussi d'en finir avec les déterminismes sociaux, toujours très forts en France, selon l'enquête internationale Pisa. Certains dispositifs existants pourraient ainsi être relancés, comme les rencontres avec des auteurs dans le cadre de projets ou d'ateliers d'écriture ou encore la mise en place d'un quart d'heure écriture en complément et en articulation avec le quart d'heure lecture, a fait savoir une source ministérielle. Un plan d'action sera présenté dans trois mois, a simplement indiqué Matignon.
La formation initiale des enseignants, "mère des batailles"
Le second volet des annonces – plus abouti – concerne la formation initiale des enseignants. "La mère des batailles", selon François Bayrou, car il s'agit de mieux former les professeurs du premier et du second degré aux savoirs fondamentaux et à la gestion de classe, afin d'améliorer le niveau des élèves, dont les enquêtes internationales montrent une baisse en compréhension de l'écrit, en mathématiques et en sciences.
L'autre objectif de la réforme est de rendre le métier d'enseignant plus attractif, face à l'érosion du nombre d'inscrits au concours. "Depuis 2021, on observe une baisse progressive du nombre d'inscrits au concours : - 45 % au premier degré, - 21 % au second degré, ce qui impacte évidemment les recrutements", précise l'entourage du Premier ministre. En 2024, près de 3 200 postes d'enseignants sont restés vacants sur les 23 696 ouverts dans le public et le privé.
Pour y remédier, le gouvernement veut renouer avec l'esprit des écoles normales d'autrefois, en proposant un recrutement plus précoce des enseignants, dès le bac + 3 (contre bac + 5 aujourd'hui), un parcours plus lisible, et une formation plus professionnalisante.
1 400 euros net par mois dès la première année de master
Dans le détail, les étudiants visant le professorat dans les écoles maternelles et élémentaires suivront une formation professionnalisante en cinq ans. Elle débutera par une licence Éducation, au terme de laquelle les étudiants devront passer un concours. Ceux issus d'une autre licence pourront aussi se présenter au concours, mais avec des épreuves supplémentaires.
Devenus élèves fonctionnaires, les lauréats suivront ensuite deux années de master avec des stages progressifs vers la pratique.
En première année, ils seront en responsabilité à 33 %. En deuxième année, à 50 %. Surtout, ils seront rémunérés : 1 400 euros net par mois en master 1 et 1 800 euros en master 2. En contrepartie, ils devront s'engager à exercer pendant quatre ans après leur master, sous peine de rembourser leurs années rémunérées.
Le même schéma s'appliquera aux étudiants du second degré, avec la différence qu'ils n'auront pas de licence dédiée avant le concours, en raison de la spécificité disciplinaire.
Un "investissement de la nation" pour son avenir
En somme, peu de différences avec ce qui avait été annoncé l'année dernière par Emmanuel Macron et avec le projet de décret validé par le Conseil d'État en juillet. Sa publication au Journal officiel avait été reportée suite à la démission du gouvernement, puis suspendue pour des raisons budgétaires.
Car le coût est important. Les dépenses supplémentaires liées à cette réforme atteindront 500 millions d'euros par an à partir de 2028, une fois la réforme pleinement appliquée. Une somme que le gouvernement présente comme "un témoignage de la confiance de la nation en ses futurs enseignants" et "un investissement pour l'avenir".
Les syndicats sont conviés à des réunions de concertation la semaine prochaine, plusieurs points restant en suspens, notamment le contenu de la formation et des concours, dont les premières ébauches avaient suscité des inquiétudes sur un possible nivellement par le bas. Les nouveaux concours devraient avoir lieu au printemps 2026.

SOURCE : Lepoint.fr

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