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ÉDUCATION
26
August 2024

La réforme de l'approche par compétences : un défi pour les universités

Depuis la loi du 5 septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel, les universités sont encouragées à adopter une approche par compétences pour leurs programmes de licence. Cette réforme vise à remplacer l'apprentissage traditionnel par disciplines par des blocs de compétences que les étudiants doivent acquérir pour obtenir leur diplôme. L'objectif affiché est de faciliter l'insertion professionnelle et la reprise d'études. Cependant, cette transformation se heurte à une forte résistance parmi les enseignants, comme en témoignent les expériences des universités de Toulon, Angers et Nantes.

Un changement contesté et partiellement mis en œuvre

Le ministère de l’Enseignement supérieur a poussé les établissements à revoir leurs programmes en encourageant les appels à projets, tels que les "Nouveaux cursus à l’université" (NCU). L’université de Toulon, par exemple, a lancé le projet NCU Mistral en 2019, visant à réformer ses licences générales. Pourtant, sur les trois licences pilotes, seule la licence Sciences et Vie de la Terre (SVT) a été véritablement modifiée. Les autres projets ont rencontré des obstacles, notamment en raison du manque de personnel ou de l'opposition des équipes pédagogiques.

Une approche hybride pour répondre aux réticences

Face à la résistance des enseignants, la licence de SVT à Toulon a opté pour une approche hybride. Bien que les étudiants soient désormais évalués sur des compétences, les disciplines traditionnelles et les notes ont été partiellement maintenues pour faciliter l'adaptation. Karim Adouane, vice-président en charge du numérique, souligne que la grille d'évaluation a été révisée pour inclure non seulement le produit final, mais aussi la démarche de l'étudiant, son analyse et ses justifications.

L’accompagnement des équipes : un levier essentiel mais insuffisant

Pour aider à cette transition, les universités ont mis en place des dispositifs d’accompagnement pour les équipes pédagogiques et les étudiants. À Toulon, des heures d'accompagnement, des ateliers et des supports explicatifs ont été créés. Cependant, malgré ces efforts, l'approche par compétences reste une tâche lourde et complexe, n'attirant que les enseignants les plus motivés.

Une réforme à marche forcée, peu convaincante

Les syndicats, comme le Snesup-Toulon, critiquent ce qu'ils perçoivent comme une imposition forcée de la réforme. Malgré le soutien d’ingénieurs pédagogiques et de formations dispensées par l’Institut français de l’éducation (IFE), beaucoup d'enseignants ont du mal à adhérer à cette nouvelle démarche, qu'ils jugent mal fondée et non prouvée scientifiquement.

Des résistances et des simulacres de réforme

Dans certaines universités, la résistance à l’approche par compétences se manifeste par une mise en œuvre minimale. Des enseignants-chercheurs simulent des réformes en conservant essentiellement leurs méthodes traditionnelles, appliquant seulement une "couche" de compétences sur les modules existants.

Inquiétudes sur la disparition des connaissances

Les critiques les plus vives concernent la crainte que l'approche par compétences ne conduise à la disparition progressive des connaissances au profit de compétences dites "transverses", alignées sur des objectifs économiques. Les syndicats redoutent que cela n'entraîne une précarisation des carrières et une dévalorisation des diplômes nationaux.

Un avenir incertain pour l'approche par compétences

Malgré ces défis, certaines universités, comme celle d’Angers, envisagent de généraliser cette réforme d'ici 2028. Toutefois, l'incertitude demeure quant à la poursuite de cette approche. Selon Mary David de la FSU Nantes université, le ministère devra choisir entre insister sur cette réforme ou reconnaître ses limites et l'abandonner.

SOURCE : ÉTUDIANT

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