Réforme de la formation des enseignants : premières pistes pour la gouvernance des Inspé

Une gouvernance repensée pour les Inspé
À l’approche d’un groupe de travail prévu le 13 juin 2025, la gouvernance des Inspé est au cœur des discussions liées à la réforme de la formation et du recrutement des enseignants. Plusieurs éléments présentés lors de réunions avec le réseau des Inspé et au CSA MESR tracent les contours d’une implication accrue de l’employeur dans la formation des futurs enseignants, sans modification du cadre législatif pour l’instant.
Selon les documents présentés par la DGRH, la Dgesip et la Dgesco, la ministre Élisabeth Borne souhaite mieux associer les praticiens de terrain au pilotage de la formation initiale, tout en lançant un comité de suivi à la rentrée. Une instruction aux recteurs est également en préparation.
Renforcer le pilotage à cadre législatif constant
Au CSA MESR du 26 mai 2025, plusieurs leviers d’action ont été évoqués :
- instaurer une gouvernance globale du système de formation initiale ;
- mobiliser pleinement les leviers existants ;
- faire évoluer la procédure d’accréditation ;
- piloter davantage les ressources humaines, en assurant une place pour les praticiens du métier.
Pierre Chareyron, du bureau du réseau des Inspé, note que certaines structures locales (comités, directoires…) existent déjà. Il s’interroge sur une possible généralisation de ces dispositifs. Il évoque également la création, dans le futur décret, d’une commission consultative mixte. Concernant l’intégration des praticiens dans les formations de M2E, le chiffre de 33 % est évoqué, bien qu’il soit difficilement extensible à cause des contraintes de disponibilité.
Vers une accréditation à deux vitesses
La réforme prévoit une distinction entre l’accréditation des Inspé et celle des nouvelles formations. L’accréditation des Inspé reste soumise au calendrier classique des vagues, tandis que celle des nouveaux M2E porte sur la capacité à mettre en œuvre la formation dans le cadre défini.
Le calendrier prévoit :
- un envoi allégé des dossiers fin juin 2025,
- un retour des dossiers fin octobre,
- une transmission de l’avis d’accréditation au plus tard mi-janvier, avant publication sur la plateforme Mon Master.
Une organisation des concours différenciée selon les disciplines
Concernant les concours, une organisation différenciée est proposée pour la période transitoire (2026-2027) :
- 1er degré : les concours L3 et M2 seront organisés à des dates différentes dans toutes les académies, avec maintien du concours supplémentaire à Versailles-Créteil.
- 2nd degré : pour les disciplines sans difficulté d’attractivité (philosophie, documentation, arts plastiques, EPS…), les concours L3 et M2 seraient organisés le même jour. Pour les disciplines en tension (maths, physique-chimie, anglais…), ils seraient organisés à des dates distinctes.
Des travaux interservices (DGRH, DAF, académies) sont en cours pour définir le nombre de postes à ouvrir, en attendant l’arbitrage interministériel prévu en septembre 2025.
Préparer en amont et encourager les M2 à passer le concours
Les établissements sont incités à intégrer dans les maquettes de L3 des modules de préparation au concours, avec un accompagnement financier prévu. Des parcours préparatoires dès la L2 sont également encouragés, à côté de la LPE.
Pour les étudiants de M2, les établissements doivent les encourager à passer le concours au niveau M2, car le vivier sera plus faible. Pierre Chareyron souligne la complexité à venir : huit dispositifs à gérer en parallèle durant la phase transitoire. Les flux d’étudiants étant encore incertains, il est difficile d’anticiper le format de formation nécessaire selon les profils.
Par exemple, un lauréat titulaire d’un M2 qui réussirait un concours à bac+3 deviendrait fonctionnaire stagiaire, avec 50 % à 100 % de temps de responsabilité de classe, mais la question du format de formation restant à définir (DIU ? autre M2 ?) demeure.
Un continuum de formation à clarifier pour le 2nd degré
Si le modèle de continuum sur cinq ans (LPE + M2E) paraît adapté au 1er degré, il semble moins lisible pour le 2nd degré, où les licences resteront disciplinaires, avec peu d’éléments professionnalisants en dehors d’un oral. Ce point est également souligné par France Universités.
Se pose également la question de la cartographie des formations, avec plusieurs variables : effet d’entonnoir des concours, affectations des stagiaires, ou encore capacité des universités à proposer une offre viable. Il faudra donc stabiliser une carte pluriannuelle des formations, car les effectifs restreints de certaines disciplines rendent impossible l’ouverture de formations sur tous les territoires.

SOURCE : AEF INFO

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