Réforme du lycée professionnel : qu’attendent les syndicats du nouveau comité de suivi ?

Lors de sa première réunion multilatérale avec les syndicats de la voie professionnelle, mardi 4 juin 2024, Nicole Belloubet a annoncé la mise en place à la rentrée 2024 d’un "comité de suivi" de la réforme. Si les organisations saluent le retour du dialogue, elles souhaitent que ce comité leur permette de contester ou d’amender plusieurs mesures. Elles soulignent par exemple la menace que font peser les futures "prépa-seconde" sur la voie pro, la désorganisation engendrée par la nouvelle année de terminale pro, ou l’anxiété des personnels face à la transformation de la carte des formations. L’ensemble des organisations syndicales d’enseignants de la voie professionnelle étaient reçues par la ministre de l’Éducation nationale, le 4 juin 2024, pour la première fois depuis le lancement de la réforme de la voie professionnelle, déployée depuis la rentrée 2023.
Pour le MENJ, cette réunion avait pour but de renouer le dialogue avec les syndicats et de fixer un calendrier de consultations. Un "comité de suivi" a ainsi été annoncé pour la rentrée 2024, ainsi qu’une "rencontre avec la Dgesco au mois de juin portant sur le calendrier des examens de l’année prochaine" et une "réunion multilatérale au mois de juillet portant sur l’ensemble des difficultés de la voie pro", ont indiqué les organisations à AEF info.
Un "comité de suivi" salué, mais une réforme toujours contestée
La principale annonce faite par la ministre de l’Éducation nationale lors de cette réunion multilatérale est la création d’un "comité de suivi" chargé d’accompagner la mise en place de la réforme, qui doit être installé à la rentrée 2024 et intégrer les organisations syndicales. Ces dernières sont plutôt satisfaites de la création de cette instance. Axel Benoist, secrétaire général du Snuep-FSU, salue ainsi un "retour du dialogue et un signal positif par rapport à ce qui prévalait depuis deux ans en termes de dialogue social", tandis que Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa, juge ce comité "intéressant, dans la lignée du comité installé sous Jean-Michel Blanquer".
Pour autant, les syndicats souhaitent que le comité de suivi soit "une vraie instance de dialogue qui permette de changer les choses et pas seulement un moyen de nous informer des décisions", met en garde Jérôme Fournier. Pour Christophe Auvray, secrétaire général adjoint du Snetaa, ce comité "ne servira à rien s’il ne permet pas de modifier l’orientation et la finalité de la réforme, avec laquelle les organisations ne sont pas d’accord".
Le Snuep-FSU craint également que ce comité "ne permette pas la remise en cause d’un cadre qui ne convient à personne" et réclame "un bilan des dispositifs mis en place et une étude d’impact sur l’ensemble de la réforme". Pour Sylvie Perron, secrétaire nationale du Sgen-CFDT, la mise en place de la réforme est "précipitée et s’est faite sans dialogue" et ce comité doit permettre de "revoir des éléments de la réforme qui ne sont pas opérants".

Carte des formations, parcours différenciés, prépa-seconde : des mesures qui inquiètent
Les organisations syndicales ont profité de cette réunion pour signaler les conséquences de certaines mesures qu’elles jugent néfastes pour le lycée professionnel. Ainsi, la refonte de l’année de terminale professionnelle - qui institue la possibilité d’effectuer deux parcours différenciés en fin d’année - est source "d’inquiétude" pour le SE-Unsa, car "les élèves de terminales seront intéressés par la gratification promise en PFMP et ne choisiront pas le parcours de préparation à la poursuite d’étude. Or la poursuite d’étude leur permet d’élever leur niveau de qualification".
Pour le Sgen-CFDT, "la modularité des parcours est intéressante, mais il ne suffit pas de la concentrer en fin d’année de terminale", d’autant qu’en termes d’organisation, "les enseignants sont déjà occupés à d’autres choses au mois de juin, et on ne sait pas de quelles ressources humaines on disposera pour prendre en charge les élèves sur cette période de six semaines", déplore Sylvie Perron. De son côté, le Snuep-FSU dénonce "la perte horaire de cours pour les élèves qui choisiront le parcours d’insertion".
De même, la refonte pluriannuelle de la carte des formations est décrite comme "anxiogène pour les personnels des LP" par Axel Benoist, même si Nicole Belloubet s’est "engagée à accompagner les personnels au cours de la transformation de la carte, en lien avec les représentants des personnels", rapporte-t-il. L’ensemble des organisations représentantes des enseignants partage cette volonté "d’être consultées pour échanger, réfléchir et faire évoluer cette carte, et non de la subir", indique Jérôme Fournier. Le Sgen-CFDT alerte également sur la nécessité de "prendre en compte des critères sociaux et sociétaux dans la transformation de la carte, et pas seulement des indicateurs chiffrés".
L’instauration de la "prépa-seconde" à partir de la rentrée 2024, puis sa possible généralisation à la rentrée 2025 - une classe destinée à accueillir les élèves ayant échoué au DNB avant leur entrée en seconde - suscite également la défiance des syndicats. Pour le Snuep-FSU, ce dispositif pourrait "inciter les jeunes à privilégier un CAP ou l’apprentissage plutôt qu’un bac pro" pour ne pas aller dans ces prépa-seconde, ce qui "fragiliserait les effectifs de certaines filières en lycée pro, d’autant qu’en termes d’organisation, les affectations dans ces classes seront décidées tardivement dans l’année". Sylvie Perron déplore quant à elle une mesure "anti-pédagogique, qui va démobiliser les élèves n’ayant pas obtenu le DNB mais désireux de rejoindre la voie professionnelle, alors que nous savons comment emmener ces élèves jusqu’au bac".
Source : aef info
Le comité de suivi est une instance annoncée par la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, pour accompagner la mise en place de la réforme du lycée professionnel. Ce comité, qui doit être installé à la rentrée 2024, inclura les organisations syndicales et a pour but de favoriser le dialogue et l’évaluation continue de la réforme. Les syndicats espèrent que ce comité leur permettra de contester ou d’amender certaines mesures de la réforme.
Les syndicats s'inquiètent de la "prépa-seconde" car ils craignent que ce dispositif incite les élèves à choisir un CAP ou l'apprentissage plutôt qu'un bac professionnel pour éviter cette classe, fragilisant ainsi les effectifs de certaines filières en lycée professionnel. De plus, ils estiment que ce dispositif pourrait démobiliser les élèves n'ayant pas obtenu le DNB mais souhaitant rejoindre la voie professionnelle, ce qui pourrait avoir un effet négatif sur leur motivation et leur parcours scolaire.

Nos réalisations
Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.
C'est tout frais de nos experts

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle

Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets
