Rendre le DNB obligatoire : un risque pour les élèves en difficulté ?

La réforme du Diplôme National du Brevet (DNB), qui deviendra obligatoire pour intégrer la seconde à partir de 2027, suscite de vives critiques. Dans une tribune publiée le 25 novembre 2024 par Le Monde, Jean-Charles Ringard, ancien IGESR, et Pierre Mathiot, politologue et professeur à Sciences Po Lille, dénoncent une mesure qui pourrait renforcer le tri social et créer une "armée de réserve" de décrocheurs scolaires.
Une réforme controversée
Cette obligation, annoncée dans le cadre de l’initiative "Acte II du choc des savoirs", prévoit que les élèves n’ayant pas obtenu leur DNB soient orientés vers un CAP ou une classe de prépa-seconde. Les auteurs de la tribune soulignent que cette réforme risque d’accentuer les inégalités sociales : les élèves en difficulté au collège, souvent issus de milieux défavorisés, seront sur-représentés dans ces filières, déjà perçues comme des voies de relégation.
De plus, ce dispositif allongerait le parcours scolaire d’une année pour ces élèves, quelques années seulement après la réduction de la durée du bac professionnel de quatre à trois ans.
Le risque accru de décrochage scolaire
Les auteurs alertent également sur l’augmentation possible du décrochage scolaire. Selon eux, cette réforme pourrait aboutir à un "sas" d’orientation peu attractif, poussant certains élèves à abandonner leur parcours. Ce constat intervient alors que 61 % des sortants sans diplôme proviennent déjà des lycées professionnels, un taux trois fois supérieur à celui des lycées généraux.
Une alternative inclusive : remise à niveau et accompagnement personnalisé
Jean-Charles Ringard et Pierre Mathiot proposent une approche différente. Ils suggèrent d’accueillir les élèves recalés du DNB directement en classe de seconde, en mettant en place des dispositifs spécifiques d’accompagnement.
Ces mécanismes incluraient :
- Un suivi individualisé et des groupes réduits pour mieux répondre aux besoins des élèves.
- Une remise à niveau dans les disciplines fondamentales.
- La possibilité de repasser une version aménagée du DNB à la fin de la seconde.
Ils plaident également pour une réforme de la classe de seconde, perçue comme un moment charnière souvent difficile à surmonter, en particulier pour les élèves issus de collèges d’éducation prioritaire.
Repenser les inégalités pour un système plus inclusif
Pour ces experts, cette réforme ne doit pas être un outil de tri supplémentaire, mais un levier pour réduire les inégalités sociales à l’école. Cela nécessitera des moyens supplémentaires, une mobilisation des enseignants et, surtout, une volonté politique forte pour construire un système éducatif réellement inclusif.
Face aux enjeux, cette tribune invite à repenser la réforme pour éviter qu’elle ne devienne un facteur d’exclusion et de décrochage pour les élèves les plus fragiles.

SOURCE : AEFINFO

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