Repenser le financement de l'apprentissage : un investissement stratégique pour l’avenir

Dans un contexte où la maîtrise budgétaire devient une priorité pour l’État, il est essentiel de ne pas sacrifier des dépenses stratégiques comme l’apprentissage, mais plutôt de les envisager comme un investissement clé pour le futur. Stabiliser son financement est indispensable pour garantir à la fois l’efficacité économique et la qualité des formations, au bénéfice de l’ensemble de la société. En optimisant les ressources et en instaurant des indicateurs de performance clairs, des économies peuvent être réalisées sans compromettre la qualité de l’apprentissage.
Un levier incontournable pour répondre aux besoins en compétences
L’apprentissage constitue l’un des moyens les plus efficaces pour répondre aux besoins croissants en talents, notamment dans les secteurs techniques et scientifiques en tension. Il s’impose comme un ascenseur social pour les étudiants et un moteur de diversification des recrutements. Dans l’enseignement supérieur, il génère également une importante valeur économique : selon une étude Asterès, l’apprentissage a permis de créer 425 000 emplois supplémentaires, d’apporter 41 milliards d’euros de valeur ajoutée et de rapporter 11 milliards d’euros aux finances publiques, notamment grâce à la réduction des dépenses liées à l’emploi et à l’augmentation des contributions sociales.
L’année 2023 a enregistré un record avec 852 000 contrats d’apprentissage signés, dont 24 482 dans le secteur du numérique, en hausse de 30 % sur trois ans. Ces chiffres démontrent le potentiel du modèle à accompagner la transition vers des métiers d’avenir et à renforcer la compétitivité des entreprises, en particulier les TPE/PME.
Des financements menacés, des risques importants
Cependant, les négociations budgétaires en cours suscitent de vives inquiétudes. Un désengagement dans le financement de l’apprentissage pourrait entraîner :
- Une diminution de la diversité sociale et des parcours ;
- Un déficit accru en compétences clés pour les entreprises ;
- Une désaffection des CFA, pénalisés par des prises en charge insuffisantes ;
- Une perte de compétitivité face à des pays qui continuent d’investir massivement dans leurs talents.
Les niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage, déjà en baisse, ne couvrent plus les besoins réels des centres de formation : orientation des étudiants, accompagnement dans la recherche d’entreprises, infrastructures spécifiques (laboratoires, équipements informatiques) et encadrement tutoral. Ces exigences, légitimes pour les entreprises comme pour les étudiants, nécessitent un financement stable et durable.
Une réforme axée sur la qualité et la performance
Pour garantir la pérennité et l’efficacité de l’apprentissage, il ne s’agit pas simplement de dépenser moins, mais de dépenser mieux. Une approche équilibrée doit inclure :
- Des indicateurs de performance clairs, comme les taux d’insertion professionnelle et la qualité des certifications délivrées ;
- Une valorisation accrue de la démarche qualité, certifiée par des labels indépendants ou des organismes comme le MESR (Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) ;
- Une concertation élargie avec les partenaires sociaux pour définir une trajectoire budgétaire durable.
En renforçant la transparence et en valorisant les investissements mesurables, l’apprentissage peut continuer à répondre aux besoins croissants des entreprises et des étudiants, tout en garantissant un haut niveau d’exigence.
Un système vertueux à préserver
L’apprentissage est une clé pour préparer l’avenir et répondre aux défis économiques, technologiques et sociaux de demain. Plutôt que de réduire les investissements, il est impératif de repenser le financement de manière stratégique, en garantissant des retours mesurables et en assurant la qualité des formations. Il en va de la compétitivité de la France et de l’équilibre des territoires. Ensemble, faisons de l’apprentissage un modèle d’excellence et d’efficacité.

SOURCE : LA TRIBUNE

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