Rupture de contrat et qualité des formations : France compétences alerte sur les effets de la massification de l’apprentissage

Depuis la réforme de 2018, qui a introduit la loi "Pour la liberté de choisir son avenir professionnel", les études sur l’apprentissage se sont multipliées. Dans une note publiée le 30 janvier 2025, France compétences présente une synthèse de ces études concernant la massification des entrées en apprentissage. L’instance met en lumière une hausse préoccupante des ruptures de contrats et un risque de dégradation de la qualité des formations. Elle révèle également les premiers résultats d’une étude à venir sur la pratique de la pédagogie de l’alternance dans les organismes de formation par apprentissage (OFA).

Le nombre d’entrées en apprentissage a considérablement augmenté, passant de 320 000 en 2018 à 850 000 en 2023, selon les données de la Dares. France compétences explique que cette massification est le résultat de plusieurs facteurs, notamment les aides à l’embauche, l’augmentation de l’offre de certifications et la hausse du nombre d’OFA.

Dans son étude intitulée "La massification de l’apprentissage depuis 2018 : quels enseignements des études évaluatives ?", France compétences résume les principaux enseignements des recherches récentes concernant les conséquences de la réforme de 2018 et des plans de relance post-Covid. Ces éléments avaient été partagés lors d’un séminaire organisé par l’organisme en mai 2024.

Une massification influencée par les aides à l’embauche

L’étude met en évidence l'impact des aides exceptionnelles mises en place pour favoriser l’embauche d'apprentis après la crise sanitaire. Selon la note, 56 % de l’augmentation des embauches entre 2019 et 2020 serait due à cette aide, profitant principalement aux apprentis du supérieur et aux petites entreprises. Toutefois, bien que ces aides aient encouragé certains comportements opportunistes, elles ont surtout permis à de nombreuses entreprises de former des alternants pour les embaucher ensuite.

Points de vigilance concernant la qualité de l’apprentissage

France compétences met en garde contre certains "points de vigilance" liés à la qualité des formations. L’un des indicateurs préoccupants est l’augmentation des ruptures de contrats. Une étude de la Dares de juillet 2024 révèle que 21 % des contrats d’apprentissage signés en 2022 ont été rompus dans les neuf premiers mois, un taux supérieur à ceux observés avant la crise sanitaire. Les formations supérieures sont particulièrement touchées, avec une hausse de 8 points entre 2017 et 2022, portant le taux de rupture à 18 %. En comparaison, le taux dans le secondaire n’a augmenté que de 2 points pour atteindre 26 % en 2022.

Les facteurs possibles de cette hausse incluent l’arrivée de nouveaux acteurs dans l’apprentissage, avec une moindre expérience dans l’accompagnement des jeunes, et la formation insuffisante des maîtres d’apprentissage. France compétences souligne qu'il sera important d’évaluer si l’insertion professionnelle des jeunes diplômés se dégrade en raison de cette massification.

La pédagogie de l’alternance, un enjeu majeur de qualité

Enfin, France compétences met en lumière les risques associés à la recherche de rentabilité économique par les OFA, qui peuvent compromettre la qualité des formations. Certains organismes auraient tendance à sélectionner les candidats les moins coûteux ou à augmenter le nombre d’apprentis par classe, parfois au détriment de l’accompagnement personnalisé. L’étude révèle également que la moitié des entreprises employant des apprentis n'ont que peu de contact avec leurs OFA en dehors des phases initiale et finale de l’alternance.

Une future publication, basée sur une recherche menée par un consortium de chercheurs dirigé par Agrosup, viendra compléter ces observations. D’après les premiers résultats, la qualité de l’intégration des apprentissages varie considérablement : moins d’un tiers des formations affichent une politique proactive pour intégrer les deux séquences de l’alternance, tandis que 10 % ne prennent aucune initiative dans ce domaine.

En conclusion, la massification de l’apprentissage soulève de nombreux défis, en particulier pour garantir la qualité des formations et assurer que l’apprentissage continue de jouer un rôle clé dans la réduction des inégalités sociales.

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SOURCE : AEFINFO