Sanctions scolaires : l'exclusion de cours, une pratique banalisée mais risquée

Les enseignants jugent souvent notre système scolaire laxiste et trop indulgent envers les perturbateurs. Cependant, des études révèlent que l'école française punit plus fréquemment et sévèrement que celles des autres pays de l'OCDE. Les exclusions de cours, notamment, augmentent de manière significative. Elles peuvent être temporaires (une heure de cours), de quelques jours, voire définitives via le conseil de discipline.
La gestion de l’indiscipline, un paradoxe éducatif
Bien que la gestion de l'indiscipline soit une préoccupation majeure des enseignants français, peu d'études empiriques existent sur la punition. Ainsi, malgré l'importance des sanctions dans le quotidien scolaire, il y a peu de réflexion ou de données sur leur efficacité réelle.
Les exclusions ponctuelles : une pratique courante et massive
Les données sur les exclusions ponctuelles de cours sont rares car elles sont des mesures internes non quantifiées par l'Éducation nationale. Toutefois, des enquêtes montrent que cette pratique est courante et parfois massive. Par exemple, dans certains collèges, des élèves peuvent être exclus chaque jour, voire plusieurs fois par heure. Dans un collège de 500 élèves, on peut compter jusqu'à 2 000 exclusions par an.
Une mesure banale pour des infractions mineures
Officiellement, les exclusions doivent répondre à des faits graves, mais elles sanctionnent souvent des perturbations mineures : retards, oublis de matériel, bavardages. Bien que touchant une minorité d'élèves, principalement des garçons, ces exclusions peuvent éloigner certains élèves d'une scolarité régulière, dégrader la relation éducative et créer un sentiment d'injustice.
Une mesure inefficace et considérée comme un échec par les enseignants
La majorité des enseignants voient l'exclusion comme un échec et une mesure inefficace. Elle n'améliore pas le comportement des perturbateurs ni le climat scolaire. Malgré cela, les exclusions se multiplient. Le système place souvent des enseignants inexpérimentés face aux élèves les plus en difficulté, créant un "choc" pour les débutants. Ces derniers adoptent alors les pratiques de leurs collègues expérimentés, excluant les perturbateurs pour sauver le groupe.
La construction de la déviance scolaire
Les élèves exclus, déjà fragiles, s'éloignent progressivement de la scolarité ordinaire. Leurs difficultés d'apprentissage s'accentuent et ils développent des comportements antiscolaires, renforçant leur exclusion. Cette répétition dégrade leur statut scolaire, les stigmatise et les pousse à anticiper leur sortie du système scolaire. Ces parcours déviants mènent souvent au conseil de discipline ou à des dispositifs de relégation scolaire.
Une éducation à la citoyenneté paradoxale
Les exclusions affectent tous les acteurs du système éducatif. Les enseignants deviennent malgré eux des agents de tri social. Les élèves exclus sont précipités vers la sortie scolaire. Même les élèves non exclus sont affectés, car leur réussite repose sur l'élimination de leurs camarades les plus fragiles. Pour une école réellement inclusive, il est nécessaire de repenser ces sanctions punitives et de mettre en place des alternatives éducatives.

SOURCE : THE CONVERSATION

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