Sciences-po Paris réforme son concours d’entrée pour limiter le « biais social »

Sciences Po Paris a décidé, mardi, de faire évoluer son concours d’entrée afin de mieux prendre en compte les évolutions du baccalauréat et de réduire les biais sociaux. Ces modifications, qui entreront en vigueur dès la session 2025, ont été présentées au conseil de l’Institut d’études politiques (IEP), qui les a adoptées par 18 voix pour, 10 contre et une abstention, selon des sources internes.

Un nouveau poids pour l’écrit de français au bac
La principale nouveauté concerne la première étape du concours, fondée sur l’examen du dossier du candidat. Désormais, l’importance de l’épreuve écrite de français du bac sera renforcée. « C’est la seule épreuve nationale écrite, corrigée de façon anonyme et commune à tous les lycéens », précise le document de la direction. La réorganisation du baccalauréat, dont les épreuves de spécialité se tiennent désormais en juin et non plus en mars, a réduit leur impact sur la procédure Parcoursup. Pour éviter de mettre en avant des épreuves trop dépendantes du contrôle continu, Sciences Po mise donc sur l’écrit de français du bac comme référence.

Autre changement : les notes des matières scientifiques et de langues ne seront plus prises en compte. Les équipes de Sciences Po estiment que ces disciplines « reflètent davantage le parcours personnel du candidat et son contexte social ». Les bulletins de seconde disparaissent également du dossier, afin d’alléger la pression sur des élèves encore jeunes.

Suppression des écrits personnels au dossier
Les écrits personnels, tels que l’essai sur une question de société ou la lettre de motivation, ne figureront plus dans la première étape. Leur suppression répond au souci de limiter le « biais social », les candidats ayant pu bénéficier d’une aide extérieure de la part de leur famille ou de leur entourage. Désormais, la motivation sera exclusivement évaluée lors de la deuxième étape, l’entretien oral.

Cet oral, réservé aux admissibles, voit son importance accrue. Déjà annoncé en juillet, son coefficient passera à 50 %, contre 25 % auparavant. L’entretien mesurera notamment l’engagement, la curiosité intellectuelle et la capacité du candidat à s’exprimer et à défendre un projet.

Un oral toujours à distance
Le nouveau directeur de Sciences Po, Luis Vassy, souhaitait initialement que l’entretien se déroule en présentiel, mais a finalement renoncé à court terme, d’après une source interne. Certains critiquent la rapidité et le caractère « vertical » de cette réforme, soulignant le besoin de davantage de concertation.

En 2021, Sciences Po avait déjà revu son mode de sélection en supprimant le concours d’entrée traditionnel, au profit d’épreuves plus personnalisées, afin de diversifier le profil de ses étudiants. Avec cette nouvelle réforme, l’IEP espère mieux tenir compte des réalités du nouveau baccalauréat et garantir une plus grande équité dans la sélection, en limitant l’impact du milieu social.

‍

SOURCE : LE PARISIEN