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ÉDUCATION
5
June 2024

Stage de seconde : L’expérience est-elle en train de virer au fiasco ?

Les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves dénoncent le stage obligatoire pour les lycéens de seconde, programmé par le ministère de l’Éducation nationale du 17 au 28 juin. L’expérience semble virer au fiasco. À en croire les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves, le stage obligatoire pour les lycéens de seconde, programmé par le ministère de l’Éducation nationale du 17 au 28 juin, vire au parcours du combattant. Il y a quelques jours, la secrétaire générale du Syndicat national des enseignements de second degré – Fédération syndicale unitaire (SNES-FSU), Sophie Vénétitay, estimait sur Europe 1, qu’entre 50 et 75 % des élèves restaient sans solution.

Un casse-tête pour les établissements

Cette situation alimente la polémique et crée un casse-tête pour les établissements scolaires, obligés de s’occuper des « sans-stage ». En juin, les personnels sont occupés sur d’autres missions liées aux examens, et les lycées, qui sont centres d’examen, sont dans l’incapacité de les accueillir, déplore le syndicat Sud Éducation. Près de 300.000 élèves seraient sans stage, ce qui représente une difficulté majeure pour l’organisation de cette période d’observation professionnelle.
Lorenzo, un lycéen de Lille, illustre bien cette problématique. « Je cherche dans le milieu médical et c’est compliqué », avoue-t-il à 20 Minutes. Marouane, quant à lui, reconnaît, un peu honteux, avoir engagé peu de démarches. « Normalement, je pourrai aller chez mon oncle si je n’ai rien. » Oussama partage cette incertitude : « Je ne sais pas où chercher. Je voudrais faire un truc dans le sport, mais c’est compliqué. Je n’ai pas d’adresse. » Solenne, qui habite un village dans le Pas-de-Calais, n’a pas connu plus de réussite. Intéressée par le journalisme, elle a fait chou blanc partout. « J’ai élargi mes recherches dans le social ou au contact d’enfants. Rien. Et dans ma famille, ça n’était pas possible non plus », se désole-t-elle.

Pour offrir des solutions, le ministère avait lancé une plateforme baptisée « 1jeune1solution » en février. Vendredi, il restait encore 29.000 offres de stage disponibles au niveau national, selon le ministère. « Plus de 39.000 entreprises, autres que celles ayant déposé des annonces, ont également accepté d’être contactées par des élèves en recherche de stage, sous l’onglet Rechercher une entreprise », ajoute le service communication. Cependant, il est impossible de savoir combien d’élèves ont pu trouver chaussure à leur pied grâce à ce dispositif. « Nous ne faisons pas remonter le nombre de conventions de stage signées, sachant que cela n’est qu’un outil proposé aux élèves. Ce n’est pas un passage obligatoire ni la seule alternative pour la recherche d’un stage », précise le ministère.

Des élèves chanceux

À contrario, certains élèves ont eu plus de chance. Naël, lycéen à Ploudaniel dans le Finistère, a trouvé très vite. « Ma mère m’avait prévenu de faire très vite des recherches pour être parmi les premiers », raconte-t-il. Dès la mi-mars, il avait décroché un stage dans une boutique de vélo, sa passion. « Je connaissais un peu le magasin, ça m’a aidé. » Dans sa classe, tout le monde est casé. Son ami Tom, cependant, a eu moins de chance. Ses demandes (une dizaine) se sont soldées par autant de refus. « Je cherchais un truc un peu fou, à l’étranger ou sur un circuit automobile. » Il va finalement finir avec son père dans une entreprise d’électronique.

L’inégalité d’opportunités est une autre critique majeure. Olivier, dans le Pas-de-Calais, raconte : « C’était inespéré. Si ma belle-sœur n’avait pas travaillé dans l’audiovisuel, mon fils n’aurait jamais eu de stage dans le domaine qui l’intéressait. » Pour lui, il est impossible de trouver un stage sans réseaux familiaux. « Surtout pour deux semaines et pendant la même période pour tout le monde. » Dans le cabinet d’architecture où il travaille, seules les demandes de stage avec un piston sont acceptées.

Une recherche active nécessaire

Maxence, qui gère une compagnie d’assurances dans la métropole de Lille, offre une perspective différente. « J’accueille une inconnue, au prénom africain, qui s’est juste distinguée en me relançant après l’envoi de son CV », souligne-t-il. En revanche, c’est grâce à ses contacts que sa fille, Madelon, a pu trouver un stage dans le commerce. « Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire. Je n’ai pas encore vraiment décidé de mon orientation », glisse-t-elle. Décrocher le Graal sans réseau est possible, mais demande de l’énergie et de la persévérance. Aimée, à La Rochelle, a dû batailler pour trouver un stage avec une sage-femme. « C’était ça ou rien », assure-t-elle. Elle a passé une trentaine de coups de fil pour obtenir finalement deux réponses positives.

Olivier, le papa d’Hugo, souligne que deux semaines, c’est beaucoup trop long. « Il faut leur trouver de l’occupation », dit-il. D’autant qu’il n’y a aucun rapport de stage à écrire. « Seule une exploitation collective en classe de première est prévue, c’est-à-dire plusieurs mois après le stage », regrette Sud Éducation. Cependant, Marie Duru-Bellat, professeure de sociologie de l’éducation à Sciences Po, estime, au contraire, que « toute immersion dans le monde professionnel est bonne à prendre ». Concernant les inégalités d’opportunité, elle affirme que « le temps libre est aussi marqué par son milieu social. (…) N’est-il pas moins égalitaire d’être dans un milieu professionnel plutôt que livré à soi-même ? »

Les commerçants à la rescousse

Caroll Le Fur, coach d’orientation pour les scolaires chez BestFutur, partage cette vision. « Ce genre de stage est extrêmement bénéfique, notamment pour faire le tri en découvrant parfois ce qu’on ne veut pas faire. Il ne faut pas prendre ces stages comme une finalité. On pousse la porte, on voit ce qu’il y a derrière, les contraintes professionnelles. On parle avec un adulte autre que sa famille, ça aide à gagner en confiance en sortant de son schéma de pensée. » Pour elle, « il suffit parfois simplement de demander aux commerçants de son quartier. Même si ce n’est pas le métier qu’on rêve de faire, ça permet de toucher une réalité. » Quoi qu’il en soit, ceux qui vont rester en rade n’ont pas à craindre les foudres de leur établissement. Aucun texte officiel ne prévoit de sanctions scolaires pour les démunis de stage.

Comment les élèves peuvent-ils maximiser leurs chances de trouver un stage ?

Les élèves peuvent maximiser leurs chances en commençant leurs recherches tôt, en utilisant des plateformes comme « 1jeune1solution », en contactant directement les entreprises et en utilisant les réseaux personnels et familiaux. Relancer les entreprises après l'envoi de leur CV peut également faire la différence.

Que faire si un élève ne trouve pas de stage ?

Si un élève ne trouve pas de stage, il peut essayer de trouver des alternatives comme des stages dans des commerces locaux, demander de l'aide à ses enseignants ou à son établissement, ou encore explorer des opportunités de bénévolat ou de projets personnels qui peuvent être valorisés lors de l'exploitation collective en classe de première.

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