Sur Parcoursup, ces établissements qui ne lisent plus les lettres de motivation

Cette année, les recruteurs ne sont plus tenus d’exiger le « projet de formation motivé » sur la plateforme.
Recette de cuisine, lettre signée « quoicoubeh », paroles d’une chanson de rap... Depuis la mise en place de Parcoursup en 2018, des élèves se vantent chaque année d’être admis avec des lettres de motivation loufoques, incomplètes, voire injurieuses. Sur les réseaux sociaux, ces trublions de l’orientation démontrent toujours la même chose : une partie des établissements ne lit pas ces documents et accepte tous les candidats qui postulent.
Dans l’enseignement supérieur, en effet, l’importance accordée aux « projets de formation motivée » (la lettre de motivation sur Parcoursup) est très inégale. À partir de l’année prochaine, d’ailleurs, les écoles qui n’en tiennent pas compte ne seront plus obligées de la demander. « Pour la session 2024, la lettre de motivation ne sera plus obligatoire sur Parcoursup », déclarait ainsi Jérôme Teillard, responsable de Parcoursup au Figaro Étudiant.
"Nous préférons regarder les notes, principalement en mathématiques et en physique, et le classement des élèves" - François Stephan, le directeur de l'ECE
Pour certains établissements, les résultats scolaires comptent bien davantage que la motivation. C’est notamment le cas d’une partie des formations scientifiques comme certaines prépas ou écoles d’ingénieurs postbac. Ainsi, les sept écoles du concours Avenir, par exemple, ont fait le choix de ne plus demander de lettre. « Nous avons considéré qu’elle n’apportait pas grand-chose dans l’examen du dossier », explique ainsi François Stephan, le directeur de l’ECE, l’un de ces établissements. « Nous préférons regarder les notes, principalement en mathématiques et en physique, et le classement des élèves. Les lettres peuvent être écrites par les parents et ne témoignent pas du niveau scientifique des élèves », poursuit-il.
Avec ChatGPT, les lettres ne sont plus fiables
Sur Parcoursup, les modalités de sélection varient d’une école à l’autre. Aussi, certaines institutions imposent des épreuves écrites et/ou orales en plus des dossiers à déposer sur la plateforme. Ces dernières choisissent parfois d’ignorer les projets de formation motivés au profit de ces évaluations. C’est l’option que l’ISC, une école de commerce postbac parisienne, a décidé de retenir. « Nous préférons évaluer la motivation des candidats à travers un oral plutôt qu’un écrit », explique ainsi Ornella Lo Giudice. La chargée de promotion et des admissions en bachelor affirme ainsi vouloir privilégier « le contact humain ». « Une lettre peut être parfois assez impersonnelle. D’autant que désormais, certains élèves utilisent ChatGPT pour rédiger la leur », poursuit-elle.
Certaines licences prennent tout le monde
Certaines licences générales, proposées dans les universités publiques, sont également réputées pour ne pas prendre en compte les lettres de motivation. Des milliers de lettres sont envoyées chaque année pour ces licences dites « non sélectives ». « Leurs responsables n’auraient jamais le temps ni les moyens de toutes les lire », explique Karine Baloche, coach en orientation chez Acadomia.
Sur Parcoursup, on peut évaluer le poids donné aux lettres de motivation sur la page de chacune des formations. Dans l’onglet « critère et analyse des candidatures », les écoles doivent renseigner leurs critères de sélection et la pondération de ces derniers en pourcentage. Ainsi, par exemple, la section « votre motivation et la cohérence de votre projet », qui évalue le projet de formation motivé, compte pour 25 % à l’IUT Bordeaux Montaigne, tandis qu’elle ne dépasse pas les 10 % en classe prépa économique (ECG) au lycée du Parc à Lyon.
D’autres lisent tous les dossiers
Dans certaines écoles, les projets de formation motivés continuent de compter beaucoup et sont étudiés systématiquement. À CY école de design, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), par exemple, la lettre de motivation est particulièrement déterminante. « Nous lisons l’intégralité des 450 lettres que nous recevons », explique ainsi Dominique Sciamma, le directeur. « Dans notre école, nous voulons former des designers capables de créer les conditions d’un espace de vie réussi pour tous. Cela nécessite donc de s’intéresser aux autres et de disposer d’un minimum d’empathie. Pour en témoigner, les élèves peuvent démontrer cette qualité dans la lettre, notamment en présentant leurs engagements associatifs, sportifs ou musicaux », explique-t-il.
D’autres recruteurs font aussi le choix de ne lire qu’une partie des lettres. Au département de data science de l’IUT de Villetaneuse, par exemple, les jurys commencent par classer les 5000 dossiers qu’ils reçoivent chaque année, du premier au dernier, en fonction des résultats scolaires. « Nous divisons ensuite ce classement en trois groupes », explique David Hebert, le chef du département. « Une fois ceci fait, nous décidons d’admettre le premier quart sans lire leurs appréciations ni leurs lettres de motivation, car leurs résultats sont excellents. De même, nous refusons le dernier quart d’office sur la base de leurs notes. »
Pour continuer à recruter ses futurs élèves, le BUT de Villetaneuse rentre ensuite dans le détail des dossiers qui composent le milieu du classement. « Pour ces élèves, la motivation compte, et les lettres sont toutes étudiées », affirme finalement David Hebert.

SOURCE : etudiant.lefigaro

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