Les transports gratuits pour les étudiants dans les Hauts-de-France ? "Ça réduirait les inégalités"

L'Union étudiante Hauts-de-France a lancé un appel pour que les transports soient gratuits pour les étudiants, une mesure qui pourrait, selon eux, réduire les inégalités socio-économiques et géographiques. Jeudi 30 mai 2024, des représentants du syndicat ont rencontré des élus écologistes du conseil régional des Hauts-de-France pour discuter de la question cruciale de la mobilité étudiante.
"On assiste à une précarité étudiante grandissante, que ce soit à Amiens ou à Lille", affirme Anne Roth, présidente de l'Union étudiante Picardie. Selon la dernière enquête de l'Observatoire national de la vie étudiante, le budget consacré aux transports est le troisième poste de dépense des étudiants, après le logement et l'alimentation.
"Faire un aller-retour Amiens-Creil coûte 22 € à un étudiant disposant de la carte de réduction TER. Ce n'est pas acceptable", déclare Anne Roth, en dénonçant également l'augmentation du prix des abonnements de transports en commun à Amiens, avec une hausse de 8,03 % pour l'abonnement annuel des 18-25 ans en 2023 par rapport à 2022.
"L'accès à l'éducation pour toutes et tous"
L'Union étudiante Picardie et l'Union étudiante Lille demandent la gratuité des transports en commun (TER, TGV, bus, cars) pour les étudiants et, à terme, pour les moins de 26 ans. Le 30 mars 2024, des antennes syndicales ont été reçues à Amiens par Karima Delli et Julien Poix, élus du groupe Pour le climat, Pour l'emploi du conseil régional des Hauts-de-France. "On a été pris au sérieux. Ils vont dans notre direction et nous soutiennent dans nos démarches. On va essayer d'avoir un rendez-vous avec Christophe Coulon [le vice-président de la Région en charge des mobilités]", indique Anne Roth.
Véronique Kong, présidente de l'Union étudiante Lille, souligne que la gratuité des transports "réduirait les inégalités socio-économiques et géographiques et permettrait l'accès à l'éducation pour toutes et tous". Elle ajoute : "Dans une société de plus en plus précarisée, les transports gratuits, ce serait incroyable. Quand on sait qu'un étudiant sur deux saute un repas de manière régulière pour raison financière, s'il ne payait pas ses transports, il pourrait se permettre de prendre tous ses repas et de manger plus sainement".
L'enjeu écologique
Les transports gratuits ne sont pas seulement une question économique, mais aussi un enjeu de liberté géographique et écologique. "L'émancipation intellectuelle par la formation" est étroitement liée à l'accès aux transports. De plus, cela englobe les problématiques de santé mentale, de précarité, d’accès à la culture et de transition écologique.
Sur le campus de la cité scientifique de l'université de Lille, situé de manière assez excentrée, les véhicules représentent "48 % des émissions totales", selon les calculs de l'Union étudiante HDF. "Les étudiants et les étudiantes sont conscients de l'impact écologique et 68% sont prêts à modifier leurs habitudes de transports pour le réduire", déclare Véronique Kong.
Les conséquences sur la santé mentale des étudiants
Cependant, les problèmes de transport vont au-delà de l'écologie et des finances. Le syndicat étudiant a recueilli de nombreux témoignages d'étudiants des Hauts-de-France attestant des "conséquences psychologiques de l’incertitude et du stress provoqués par le manque de fiabilité quant aux horaires du passage du train, ou même quant au passage du train lui-même". En 2023, les Hauts-de-France étaient la troisième région où les TER ont été les moins réguliers et la deuxième en termes de trains annulés, avec une moyenne de 830 trains annulés par mois.

"Les plus impactés sont ceux qui sont les plus éloignés, les plus précarisés par ces transports donc cela rompt la garantie d'égalité des chances entre étudiants", souligne Véronique Kong.
Les demandes du syndicat étudiant
Pour permettre aux étudiants de changer leurs habitudes, le syndicat demande plusieurs mesures : la rénovation des infrastructures du réseau et des espaces d'accueils, la construction de nouvelles rames, l'ouverture de nouvelles lignes et la réhumanisation des gares. Ils réclament aussi la promotion et la sensibilisation à la transition écologique.
Dans leur rapport, l'Union étudiante HDF met également en avant le dynamisme et l'attractivité apportés par les étudiants dans les villes. Rendre les transports en commun gratuits permettrait aux étudiants de "participer davantage à la vie culturelle locale". Le syndicat cite les retombées positives d'une telle mesure à Dunkerque (Nord) et à Tallinn, en Estonie.
Un exemple à suivre : Dunkerque et Tallinn
Dunkerque, en France, et Tallinn, en Estonie, sont souvent cités comme des exemples réussis de gratuité des transports en commun. À Dunkerque, la gratuité des transports a été mise en place en 2018, permettant une augmentation significative de la fréquentation des bus et une réduction de l'utilisation des voitures particulières. Cette mesure a également encouragé une plus grande participation des habitants, y compris les étudiants, à la vie culturelle et sociale de la ville.
Tallinn a été la première capitale européenne à introduire la gratuité des transports publics pour ses résidents en 2013. Les résultats ont montré une diminution de l'utilisation des voitures, une amélioration de la qualité de l'air et une plus grande inclusion sociale. Ces exemples montrent qu'une telle politique peut non seulement réduire les inégalités mais aussi contribuer à la transition écologique.
La demande de l'Union étudiante Hauts-de-France pour la gratuité des transports est une initiative visant à réduire les inégalités socio-économiques et géographiques, tout en répondant aux enjeux de santé mentale et de transition écologique. La rencontre avec les élus écologistes régionaux marque un pas important vers la réalisation de cet objectif. Les étudiants, conscients des défis économiques et écologiques, sont prêts à adopter des mesures de changement, mais ils nécessitent un soutien adéquat pour le faire.
Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/somme/amiens/les-transports-gratuits-pour-les-etudiants-dans-les-hauts-de-france-ca-reduirait-les-inegalites-2978528.html
Les étudiants demandent la gratuité des transports en commun pour réduire les inégalités socio-économiques et géographiques, améliorer l'accès à l'éducation et répondre aux enjeux écologiques. Le coût des transports est un fardeau financier important pour beaucoup d'entre eux, et la gratuité permettrait de soulager ce poids, favorisant ainsi une meilleure qualité de vie et une participation plus active à la vie culturelle et sociale.
Le syndicat étudiant propose plusieurs mesures pour améliorer le système de transport : la rénovation des infrastructures, la construction de nouvelles rames, l'ouverture de nouvelles lignes, la réhumanisation des gares, ainsi que la promotion et la sensibilisation à la transition écologique. Ces mesures visent à rendre le système de transport plus fiable, accessible et durable pour tous les étudiants.

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