Un an après, la "tenue unique" fait presque l’unanimité à l’école

Une baisse des discriminations et un climat apaisé
Expérimentée depuis un an dans un collège public à La Réunion, la "tenue unique" semble convaincre la grande majorité des élèves, des parents et des enseignants. En place depuis janvier 2024 au collège Amiral-Bouvet de Saint-Benoît, cette initiative vise à réduire les inégalités et à effacer les marqueurs identitaires et religieux entre les élèves. Elle s'inscrit dans une réflexion plus large du gouvernement sur la réintroduction de l'uniforme dans les établissements publics.
Le bilan après une année d’expérimentation est jugé "très satisfaisant". Olivier Marée, principal du collège, se réjouit : "Il n'y a que du positif". Parmi les effets les plus marquants, on note une réduction des discriminations et des inégalités, en particulier dans ce collège classé en REP+. Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, avait d'ailleurs insisté sur cette dimension sociale lors de sa visite sur l’île en janvier 2024.
Un climat scolaire plus serein
"La tenue gomme l’apparence d’une classe sociale", constatait Nadine Minatchy-Natier, ancienne principale de l’établissement, en juin dernier. Elle y voit un "facteur d'unicité, d'égalité, de fraternité et d'intégration", en accord avec les valeurs de la République. Un rapport présenté au rectorat appuie ces observations : entre août et décembre 2023, l’établissement a enregistré 15 cas de harcèlement liés à la tenue vestimentaire. De janvier à juin, ce chiffre est tombé à trois.
Les chiffres confirment l’efficacité du dispositif : le climat scolaire s'est "nettement apaisé". Le nombre de manquements au règlement intérieur a également diminué, passant de 151 incidents entre août et décembre 2023 à 112 entre janvier et juin 2024.
Une économie pour les familles
Les parents saluent aussi cette évolution. Beaucoup observent une réduction des tensions entre élèves, notamment celles liées aux vêtements de marque. "Les enfants sont enfin sur un pied d’égalité", témoigne une mère. "Les comparaisons sur les habits et les marques ont disparu."
L’aspect économique n’est pas négligeable non plus. Sur un territoire socialement défavorisé, de nombreuses familles réalisent des économies grâce à cette tenue. Selon un sondage interne, 76 % des parents déclarent avoir réduit leurs dépenses vestimentaires depuis son instauration. L’ensemble de la tenue, composé de cinq tee-shirts, un polo et un sweat, coûte 70 euros par élève, une somme prise en charge par l’État et le département. En janvier, 32 000 euros ont ainsi été alloués aux 480 élèves du collège.
Cependant, quelques ajustements restent à faire. Le bas de la tenue, à la charge des familles, doit être de couleur sombre et sans marque ostentatoire, une règle qui a suscité quelques résistances.
Une question d’identité et de liberté
Si une majorité adhère au dispositif, certains parents et élèves restent sceptiques. "On s’y est plié, mais les enfants ont besoin de s’exprimer à travers leurs vêtements", estime un parent. D'autres regrettent une forme de "retour en arrière" et une restriction des libertés vestimentaires : "Sommes-nous en train de revenir à l’époque de nos grands-parents ?" s'interrogent certains.
Le rectorat tient toutefois à nuancer : "Nous ne sommes ni à l'armée ni en guerre." Le terme "uniforme" n’est pas officiellement utilisé, même si le principe d’uniformisation est bien présent. Certains élèves soulignent que la tenue ne gomme pas totalement les différences physiques. "Le tee-shirt atténue, mais il ne fait pas disparaître les différences", reconnaît une mère d'élève.
Une meilleure concentration en classe
Côté élèves, certains apprécient de ne plus perdre de temps à choisir leur tenue le matin, même si d'autres regrettent de ne "pas pouvoir suivre la mode". Pourtant, le climat général en classe et dans la cour s’est amélioré : 60 % des élèves trouvent leurs relations plus "satisfaisantes".
Les enseignants confirment cette tendance. Selon le rapport, 58 % constatent une ambiance plus sereine et 53 % notent une meilleure gestion de classe. De plus, 29 % d’entre eux observent une hausse de la concentration des élèves. "Quand on améliore le climat scolaire, on améliore aussi les résultats", insiste Olivier Marée. Les performances des élèves sont en progression, bien que le rapport ne fournisse pas encore de chiffres précis.
La question de la laïcité et des signes religieux dans l’établissement semble elle aussi apaisée. "Nous ne rencontrons plus de problèmes liés à des signes ostentatoires", indique la direction.
Une expérience qui pourrait faire école
Au-delà du collège, cette expérimentation semble renforcer le sentiment d’appartenance. "On voit souvent les élèves porter leur tee-shirt bleu même en dehors de l’école", souligne la direction. Le test doit encore durer deux ans avant qu’une éventuelle généralisation de la "tenue unique" ne soit décidée à l’échelle nationale.

SOURCE : LE POINT

Nos réalisations
Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.
C'est tout frais de nos experts

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle

Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets
