Une entreprise sur six a intégré le mécénat de compétences

Selon le livre blanc et le manifeste présentés jeudi 28 août 2025 par l’Alliance pour le mécénat de compétences, 16 % des entreprises ont adopté ce dispositif. Celui-ci s’impose comme un levier de fidélisation, d’attractivité et de développement des compétences. La table ronde organisée à la REF (1) a permis à Orange, ADP, SNCF et Artelia de partager leur déploiement du dispositif et de plaider pour une reconnaissance des compétences acquises lors de ces missions d’intérêt général, ainsi que pour leur démocratisation à tous les niveaux hiérarchiques.

Selon le livre blanc sur le mécénat de compétences, 86 % des associations ayant bénéficié du dispositif estiment qu'il a renforcé leurs compétences internes.

Un manifeste pour renforcer le mécénat de compétences

"Nous allons signer aujourd’hui un nouveau manifeste enrichi par les données du livre blanc que nous présentons également. C’est un nouveau pas dans notre ambition collective pour promouvoir un mécénat de compétences à impact et développer sa professionnalisation par la mutualisation de nos moyens", a déclaré jeudi 28 août 2025 Corinne Massin, présidente de l’Alliance pour le mécénat de compétences, lors d’une table ronde dédiée à ce sujet à la REF organisée par le Medef, à Paris.

La directrice du mécénat du groupe Servier rappelle que l’Alliance a été créée en 2019 pour renforcer les liens entre entreprises et acteurs de l’ESS, grâce à la mise à disposition de salariés sur leur temps de travail au profit de projets d’intérêt général. Elle fédère aujourd’hui près de 25 grandes entreprises, parmi lesquelles Orange, Accenture, Vinci, ADP ou la SNCF.

Les entreprises signataires s’engagent désormais sur six points majeurs : mesurer l’impact des dispositifs, mettre en place un programme RH adapté, inscrire la démarche dans une dynamique territoriale associant PME et secteur public, encourager la reconnaissance du mécénat de compétences dans les parcours professionnels et politiques RH, co-construire les missions avec les associations partenaires, contribuer à un cadre commun d’éthique, de qualité et de transparence, et promouvoir des programmes structurés ouverts à tous les profils et à toutes les étapes de carrière.

Le mécénat de compétences en chiffres

Le livre blanc révèle que 16 % des entreprises ont adopté le mécénat de compétences comme levier d’engagement sociétal. Pour 86 % des associations bénéficiaires, cette démarche a permis de renforcer leurs compétences internes.

Côté employeurs, les motivations principales sont l’amélioration de la marque employeur (60 %), la fédération autour de projets RSE (54 %), mais aussi, nouveauté notable, la réponse aux demandes des collaborateurs (38 %) et le développement des compétences (15 %).

"Nous avons signé un accord sur la gestion de l’emploi et des parcours professionnels qui prévoit un congé de respiration pour dédier un temps au transfert de compétences, que ce soit en interne ou en externe. Cela peut concerner la formation de nos salariés à l’utilisation responsable du numérique, le soutien à une start-up en croissance ou des actions caritatives en milieu hospitalier", explique Vincent Lecerf, DRH et directeur de la transformation du groupe Orange.

Depuis quatre ans, près de 4 000 salariés d’Orange, tous âges confondus, se sont engagés dans ce dispositif pour des périodes de trois à dix mois. À la SNCF, près de 11 500 collaborateurs ont profité de ce congé, parfois prolongé jusqu’à trois ans. "Nous proposons rarement des périodes plus longues, car il faut anticiper et préparer le retour en entreprise, surtout dans un contexte de transformation. La fondation SNCF a lancé une étude d’impact qui montre que le mécénat de compétences favorise l’engagement durable des salariés, renforce l’attractivité et l’ancrage local", précise Muriel Signouret, directrice RSE du groupe SNCF.

Démocratiser le mécénat de compétences

Un des enjeux majeurs de l’Alliance est de rendre le mécénat de compétences accessible à l’ensemble des salariés, et pas seulement aux cadres. L’objectif est également de mieux reconnaître et valoriser ces expériences dans les parcours professionnels.

"Ces expériences doivent être intégrées aux carrières et devenir accessibles à tous. Nous aimerions parvenir à un accord avec nos organisations syndicales pour structurer davantage le dispositif et l’inscrire dans les parcours. Nos employés restent généralement longtemps chez ADP, ce qui facilite l’intégration du mécénat de compétences dans les parcours professionnels", souligne Justine Coutard, directrice générale déléguée du groupe ADP.

Même constat chez Artelia, entreprise d’ingénierie multidisciplinaire de 10 100 collaborateurs dans 40 pays. Son président exécutif, Benoît Clocheret, rappelle que l’entreprise a développé depuis 15 ans le congé solidaire à l’international, avant d’investir dans le mécénat de compétences sous l’effet des restrictions liées au Covid. "Il faut reconnaître ces missions lorsqu’elles développent de nouvelles compétences utiles au projet professionnel. Un des défis reste d’impliquer le management intermédiaire, car le mécénat de compétences contribue au développement des compétences professionnelles", insiste-t-il.

SOURCE : AEF INFO