Vers une stratégie nationale de l’IA en éducation

Une phase d’expérimentation à transformer
Après une période riche en expérimentations autour de l’intelligence artificielle en éducation, il devient nécessaire de structurer une stratégie à long terme. C’est ce que proposent Émilie-Pauline Gallié et Erwan Paitel, deux inspecteurs généraux (IGESR), dans un article publié dans l’édition de mai 2025 de Les annales des mines. Selon eux, il est essentiel de généraliser une éducation à et avec l’IA, sans nuire aux dynamiques collectives construites en classe.
Une adoption progressive par les institutions
Les auteurs rappellent que la France soutient activement la recherche en IA depuis 2018, notamment via les programmes France 2030 et les pôles 3IA. Mais au-delà de la recherche, l’enjeu est désormais l’appropriation citoyenne de l’IA. Les auteurs soulignent qu’avoir accès à l’IA ne signifie pas en comprendre les usages, ni en maîtriser les limites, biais ou impacts environnementaux.
Ils notent un changement d’attitude de la part des ministères de tutelle, qui ont fini par encourager l’usage de l’IA générative, même sans disposer de solutions souveraines ni d’une vision totalement maîtrisée de ses implications. Les étudiants s’emparent largement de ces outils, tandis que les enseignants restent plus prudents, tout en en reconnaissant le potentiel pédagogique : création de contenus, adaptation aux besoins, rédaction d’exercices, suivi et évaluation des compétences, correction automatisée, etc.
De l’expérimentation à la généralisation
L’heure est venue de passer à une intégration généralisée de l’IA dans l’enseignement. Les auteurs saluent l’agilité des services et des enseignants, mais constatent que les projets locaux ne suffisent pas à garantir une équité d’accès. Une stratégie nationale coordonnée est désormais nécessaire pour assurer un déploiement cohérent et accessible à tous.
L’éducation à l’IA doit être inclusive, critique et systématique, afin que chaque élève, peu importe son milieu social ou son territoire, puisse bénéficier des outils et des formations nécessaires. Toutefois, les auteurs insistent sur la nécessité de préserver les interactions sociales : l’usage personnalisé de l’IA ne doit pas affaiblir la dimension collective de l’apprentissage. Ils alertent aussi sur une tendance inquiétante : certains élèves questionnent le sens d’apprendre si l’IA semble pouvoir répondre à tout.
Préparer les compétences de demain
L’IA ne doit pas être abordée uniquement sous l’angle technologique. Les compétences liées à l’IA doivent s’intégrer dans toutes les disciplines. Les enseignants devront développer des compétences hybrides, associant leur domaine à la maîtrise des outils IA, une logique que les auteurs résument sous l’expression « X + IA ».
Cette orientation est déjà travaillée, notamment par le GIP PIX, en lien avec les branches professionnelles, pour aboutir à une certification « PIX IA ». L’IA est également vue comme un assistant pédagogique, capable d’automatiser certaines tâches administratives ou répétitives, tout en soutenant l’enseignant sans le remplacer.
Encadrer les usages pour mieux les accompagner
Les avancées technologiques suscitent aussi des inquiétudes légitimes du côté des enseignants, en particulier sur la transformation de leurs pratiques pédagogiques. Il est donc indispensable de mettre en place des chartes d’usage de l’IA. Celles-ci devraient reposer sur des principes communs, partagés par tous les acteurs de l’éducation, plutôt que sur des initiatives isolées.
Enfin, Gallié et Paitel insistent sur l’importance de prendre en compte l’impact écologique de ces outils. Une stratégie d’usage généralisé en éducation doit intégrer des pratiques durables, comme l’usage de centres de données responsables, la conception de modèles d’IA moins énergivores, ou encore la limitation des usages par élève.
Ils concluent en rappelant que ces technologies évolueront rapidement. L’école devra s’adapter en continu pour accompagner ces mutations sans perdre de vue ses valeurs fondamentales.

SOURCE : AEF INFO

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