Vieillissement, métiers en tension : à quels besoins de compétences devra répondre le Grand Est d'ici 2030 ?

D’ici 2030, la région Grand Est fait face à des défis majeurs en matière d’emploi et de compétences. Le vieillissement accéléré de la population et les nombreux départs à la retraite créeront des besoins cruciaux dans certains secteurs, en particulier ceux du soin et des services à la personne. L’Oref (Observatoire régional de l’emploi et de la formation) a présenté un panorama détaillé des métiers en tension et des compétences nécessaires pour répondre à cette transformation, lors d’une rencontre à Strasbourg en octobre 2024.

Un contexte de vieillissement rapide et de baisse des jeunes générations

La population du Grand Est stagne, avec une augmentation de l’espérance de vie et une baisse des naissances depuis 2010. D’ici 2040, la région devrait perdre environ 3 % de sa population, soit 212 000 habitants en moins, alors que la moyenne française reste en croissance. Cette évolution démographique entraînera une diminution des jeunes sur le marché du travail et une forte augmentation des seniors, ce qui accroîtra les besoins en services pour les personnes âgées et accentuera la pression sur les métiers en tension.

Un marché de l’emploi déjà sous pression

Le secteur tertiaire domine l’emploi dans le Grand Est, représentant près de 80 % des postes. Bien que le taux de chômage ait baissé (7,3 % au second trimestre 2024), cette tendance entraîne des difficultés de recrutement pour les métiers nécessitant des compétences spécifiques. Les secteurs les plus en tension incluent la santé, le bâtiment, les transports et l’industrie. Le manque de jeunes travailleurs en formation pour ces domaines pourrait aggraver cette situation dans les années à venir.

Les métiers en forte demande

Pour 2024, environ 193 320 recrutements sont anticipés dans la région, avec des besoins marqués dans les métiers saisonniers comme la viticulture et les services de restauration, mais aussi dans le secteur de l’aide à domicile et des soins aux personnes. Le baromètre montre que 55 % des projets de recrutement sont considérés comme « difficiles », en particulier pour les postes d’infirmiers, d’aides-soignants, de techniciens dans le bâtiment et d’ingénieurs.

Perspectives d’emploi pour 2030 : un fort besoin de renouvellement

L’Oref estime que neuf recrutements sur dix d’ici 2030 seront des remplacements pour des départs à la retraite. Parmi les métiers les plus touchés par ces départs, on trouve les agents d’entretien, les enseignants, les conducteurs de véhicules et les employés administratifs de la fonction publique. Les métiers du soin, comme les infirmiers, les aides-soignants et les aides à domicile, resteront également en forte demande, répondant à la dynamique de vieillissement de la population.

Les opportunités de formation et d’adaptation aux compétences de demain

L’Oref rappelle que les métiers dits « de demain » ne seront pas nécessairement nouveaux, mais évolueront avec des compétences supplémentaires. Par exemple, les métiers d’infirmier ou de jardinier se transformeront pour intégrer des compétences liées à l’automatisation ou à la transition énergétique. Les secteurs de l’industrie et de la santé devraient également bénéficier d’un afflux d’opportunités pour les travailleurs qualifiés, même dans les métiers où des suppressions de postes sont envisagées.

Préparer la région aux défis futurs

Les projections de l’Oref soulignent l’importance pour le Grand Est de renforcer l’attractivité des formations professionnelles, d’adapter les programmes éducatifs aux besoins régionaux et de promouvoir les métiers en tension. Ces efforts sont essentiels pour pallier les pénuries de main-d'œuvre et pour répondre aux exigences futures du marché de l’emploi dans cette région en pleine mutation démographique.

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SOURCE : AEFINFO