Y. Ruellan (RenaSup) : « Notre priorité, c’est la qualité des formations et l’accompagnement humain »

Acteur reconnu dans les filières de bac+2, l’enseignement catholique structure désormais son offre post-bac+3. RenaSup, réseau national de l’enseignement supérieur privé catholique, mise sur son modèle pédagogique, son maillage d’établissements et ses partenariats académiques. Yves Ruellan, président de RenaSup, et Jean-Marc Petit, délégué général, détaillent leur stratégie et les enjeux du développement.
RenaSup, en tant qu’organisme de l’enseignement catholique en charge du supérieur, rassemble 525 établissements en contrat d’association avec l’État, et s’inscrit dans le secteur non lucratif.
Face aux mutations du supérieur et aux nouvelles attentes étudiantes, le réseau – qui couvre désormais l’éventail allant du bac+2 au bac+5 – souhaite structurer davantage son offre bac+3 et développer ses campus. Yves Ruellan et Jean-Marc Petit précisent leur feuille de route.
Quelles formations propose l’enseignement catholique dans le supérieur ?
Jean-Marc Petit : Historiquement, nos formations se déploient dans les lycées et centres de formation du réseau catholique. Il s’agit principalement de BTS et de CPGE, mais aussi de diplômes d’État comme le DCG (diplôme de comptabilité et de gestion). Ces formations sont délivrées sous le modèle du contrat d’association avec l’État.
Sur nos 90 000 étudiants, 35 000 sont en apprentissage, 12 000 en CPGE et près de 70 000 en BTS. Nous proposons également 200 bachelors, en développement constant.
Pourquoi renforcer l’offre bac+3 ?
J.-M. P. : Les évolutions du paysage du supérieur sont majeures. On note des changements sur le financement de l’apprentissage, qui ont profité au privé lucratif, ainsi qu’un essor des bachelors et la mise en place des BUT. Résultat : le bac+3 s’impose comme une nouvelle norme.
Les jeunes ne veulent plus être de simples post-lycéens. Ils souhaitent une véritable vie étudiante et une reconnaissance universitaire pleine et entière. L’offre doit donc s’adapter à ces nouvelles aspirations.
L’objectif est-il d’obtenir le grade de licence pour vos bachelors ?
J.-M. P. : C’est une question centrale. Des discussions sont en cours avec le ministère et le Hcéres pour envisager l’autonomie dans la diplomation.
Actuellement, nous délivrons ce grade à travers nos partenariats académiques. L’objectif est de l’étendre à nos bachelors généralistes, en propre.
Et concernant la recherche, indispensable pour ce grade ?
J.-M. P. : Nous sommes prêts à financer de la recherche. Des expérimentations existent déjà, comme à Cannes, où l’Institut Sainte-Marie Chavagne a ouvert un institut supérieur dédié à la gestion, au luxe et au tourisme.
Notre stratégie repose aussi sur la mutualisation à l’échelle de RenaSup pour produire de la recherche, en lien avec les instituts catholiques.
Quels sont vos principaux partenaires académiques et professionnels ?
Yves Ruellan : RenaSup agit comme tiers de confiance. Nous assurons le relais de plus de 200 formations pour le CNAM, dont des licences. Nous avons aussi un bachelor avec la Coventry University, délivré en anglais en France et reconnu via les crédits ECTS.
Nous collaborons avec des représentants de filières : en sécurité nucléaire, avec l’Apave et le Bureau Veritas ; en expertise comptable avec une formation dédiée au sein de notre campus à Saint-Étienne.
J.-M. P. : Nous avons aussi des CPGE associées à des écoles d’ingénieurs de la Fesic. Cela permet à des jeunes de sécuriser leur entrée en école sans passer de concours, tout en gardant la possibilité de les présenter. Un bon moyen de démocratiser l’accès à ces parcours.
Quels sont les piliers de l’enseignement supérieur chez RenaSup ?
J.-M. P. : Nous avons identifié quatre piliers.
- Une offre large, pour affirmer notre place dans le supérieur, avec un accent sur les licences et bachelors.
- Des locaux adaptés, via la constitution de campus modernes avec équipements et services.
- Des ressources humaines de qualité, avec une équipe mêlant enseignants et professionnels.
- Une communication sincère, qui rejette les dérives commerciales de certains établissements du privé lucratif.
Nous préparons également une charte qualité pour l’ensemble de notre réseau, qui traduira cet engagement.
Y. R. : Nous organiserons d’ailleurs une "Journée nationale du Sup" le 21 mai prochain, réunissant 500 chefs d’établissement pour échanger sur les enjeux de notre mission. L’enseignement catholique a une place particulière, entre le public et le privé commercial.
Quels sont les atouts spécifiques de l’enseignement catholique ?
J.-M. P. : Notre réseau maillé sur tout le territoire, nos partenariats solides avec la Fesic, le CNAM ou les instituts catholiques sont de vrais atouts.
Mais surtout, nous tenons à rester maîtres de notre pédagogie. L’accompagnement humain est au cœur de notre approche.
Quelle est votre réponse face aux violences signalées dans certains établissements ?
J.-M. P. : Nous soutenons pleinement la campagne "Stop violences" lancée par l’enseignement catholique. Même si ces situations concernent principalement le scolaire, nous devons agir en prévention dans le supérieur également.
Aucune forme de violence ou d’abus de pouvoir ne doit être tolérée. Il est essentiel que les étudiants sachent à qui s’adresser en cas de problème.
La mutualisation favorise-t-elle aussi la création de campus ?
Y. R. : Absolument. Notre but est d’offrir des parcours complets aux jeunes, en bac+3 notamment, dans des domaines comme le management, le social, la cybersécurité ou la santé.
La majorité de ces parcours sont accessibles en apprentissage, ce qui facilite leur financement.
Créer des campus, c’est aussi offrir une vie étudiante, encourager les initiatives et tisser des liens avec les entreprises locales. À Lyon, par exemple, trois établissements ont uni leurs forces pour créer Sup Alta, un campus interdisciplinaire regroupant plusieurs niveaux de formation.

SOURCE : Letudiant

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