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ÉDUCATION
27
November 2025

Apprentissage en incertitude : les écoles supérieures tirent un premier bilan

Nouveaux décrets réformant la gestion de l’apprentissage, en particulier aux niveaux 6 et 7, incertitude économique et politique croissante, projet de loi de finances 2026… Après plusieurs années de forte expansion, l’apprentissage dans l’enseignement supérieur semble aujourd’hui à la croisée des chemins. AEF info a interrogé plusieurs écoles de statuts différents sur leur campagne de recrutement d’apprentis, leurs stratégies à moyen terme et leurs suggestions aux pouvoirs publics.

comment les écoles expérimentent le recrutement des apprentis fin 2025

Les effets du décret du 27 juin, instituant une contribution de 750 euros pour les employeurs d’apprentis en niveaux 6 et 7 et proratisant les NPEC selon la durée du contrat, ont des conséquences. Après les NPEC, les aides aux employeurs d’apprentis sont également proratisées pour les contrats de moins d’un an depuis le 1er novembre, selon un décret du 31 octobre.

AEF info a consulté des écoles de management et d’ingénieurs, en octobre et novembre, pour obtenir une première estimation des impacts et un aperçu des stratégies à moyen terme.

quels impacts depuis la rentrée

Les interlocuteurs s’accordent sur un point : les années fastes de l’apprentissage sont terminées. Il reste difficile de distinguer ce qui relève des dernières mesures et ce qui découle d’un contexte économique et politique incertain, relève Anne-Sophie Courtier, DG de l’EM Normandie, le 22 octobre. Après une forte montée en puissance depuis cinq ans, l’école regarde désormais l’apprentissage "avec prudence, à cause des régulations fluctuantes".

prudence et perspectives de baisse des contrats

Le décret du 27 juin, entré en vigueur le 1er juillet (contribution de 750 euros et proratisation des NPEC), a provoqué un "pic" d’inscriptions juste avant son entrée en vigueur, notamment parmi les PME déjà engagées dans l’alternance. Anne-Sophie Courtier a observé un tel "pic de contrats", surtout pour celles "déjà bien engagées dans un processus" de recours à l’apprentissage.

Ensuite, l’accessibilité des contrats a diminué, avec moins d’offres et des délais de réponse plus longs. Les entreprises discutent beaucoup le reste à charge, certaines proposant de le prendre en intégralité mais en échange de l’exonération de la taxe d’apprentissage.

Conséquence : des étudiants admis en master à l’EM Normandie n’ont pas pu rejoindre les formations, faute de contrat, notamment en finance, supply chain, marketing ou RH. Cela représente quelques dizaines d’élèves avec de bons profils.

Isabelle Huault, DG de l’EM Lyon, souligne également que, même si cette année les entreprises ont payé le reste à charge et que la demande étudiante reste élevée, la prudence reste de mise pour l’année suivante. Skema BS estime que l’impact sera probablement visible sur le nombre d’entreprises souhaitant prendre des apprentis, compte tenu de la diminution des financements.

À Kedge BS, le recrutement de 3 000 apprentis s’est déroulé "comme l’année dernière" mais a été plus compliqué, avec 18 % d’offres en moins sur les sites d’emploi et davantage de négociations pour contractualiser.

une question de marque

Selon une enquête flash de la CDEFM fin octobre 2025, 71 % des écoles n’observent pas de baisse des inscriptions, mais 79 % signalent que plus d’étudiants sont encore en recherche de contrat et 86 % que l’offre de contrats a diminué. La négociation avec les entreprises sur le reste à charge est plus difficile.

Le président de 3E, Antoine Prodo, estime que la baisse des recrutements pourrait atteindre 10 %, avec un "effet de ciseau" combinant baisse des aides et impact des 750 €. Philippe Grassaud, président d’Eduservices, note une plus grande exigence des entreprises, privilégiant les profils expérimentés.

Thomas Jeanjean (CCIR Paris Île-de-France) précise que les écoles à marque forte sont moins touchées, tandis que pour les structures moins connues, la mesure complique considérablement le placement des étudiants dans les TPE et PME.

réduire la voilure… ou pas

moins s’exposer à l’alternance

Certaines écoles stabilisent ou réduisent le nombre d’apprentis pour limiter les risques. À l’EM Lyon, environ 10 % des ressources provenaient de l’alternance. Skema BS prévoit une baisse pour le bac+5, mais peu d’impact pour le bac+3/4. Kedge BS réduit ses effectifs de 3 000 à 2 000 apprentis et compense avec des étudiants internationaux et des programmes à Paris. EM Normandie veut passer de 40 % à 25 % d’apprentis pour adapter son modèle économique.

la clé : la demande des entreprises

D’autres écoles maintiennent ou augmentent leurs effectifs selon la demande des entreprises. Esdes BS observe un placement similaire à l’an passé grâce à un reste à charge limité pour les entreprises. L’Insa Lyon vise à doubler le nombre d’apprentis d’ici 2027, et l’Isara maintient une forte demande pour ses étudiants malgré les annonces gouvernementales.

suggestions de réforme

miser sur la qualité

Dominique Restino (CCIR Paris Île-de-France) plaide pour des conditions d’apprentissage basées sur la qualité, dénonçant certaines écoles privées qui recrutent sans garantir de parcours sérieux. Alice Guilhon (Skema BS) appelle à "nettoyer" le marché des structures lucratives afin de sécuriser un apprentissage de qualité.

moduler les NPEC et revenir sur les 750 €

Restino et Jeanjean proposent de moduler les NPEC selon la qualité et les publics. Antoine Prodo (3E) avertit qu’une nouvelle baisse des NPEC favoriserait des CFA de faible qualité. Plusieurs dirigeants espèrent que le PLF 2026 reviendra sur les 750 €, ou que leur recouvrement soit confié aux Opco et Urssaf plutôt qu’aux CFA.

préserver les aides et impliquer les étudiants

Prodo insiste sur la nécessité de conserver les aides aux entreprises pour soutenir l’accueil pédagogique des jeunes. Certaines écoles suggèrent que les étudiants non boursiers participent au financement de leur apprentissage, notamment pour les masters coûteux, afin de ne pas alourdir le reste à charge des entreprises.

investir dans la jeunesse

Dominique Restino conclut que l’apprentissage doit être considéré comme un investissement social et économique. Former les jeunes aujourd’hui, c’est préparer ceux qui paieront les retraites de demain et renforcer la valeur de l’enseignement supérieur.

SOURCE : AEFINFO

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