Diplômes dévalués et logement cher : le déclassement des jeunes

Plus diplômés que leurs aînés, les jeunes de 2025 peinent pourtant à s’insérer durablement sur le marché du travail et à accéder au logement, selon une étude du Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan (HCSP) dévoilée ce mardi.
« Vous, les boomers, votre vie était vraiment plus facile que la nôtre », « même sans le bac, vous trouviez du boulot », « et vous pouviez acheter une maison à 25 ans ». Ces phrases traduisent un sentiment de déclassement parmi les moins de 35 ans. L’étude du HCSP, comparant les trentenaires d’aujourd’hui à ceux de 1975, montre que ce ressenti n’est pas infondé.
Des diplômes qui ne garantissent plus l’emploi souhaité
Si les millenials sont plus diplômés que leurs aînés, une personne de 25-34 ans sur deux possède un diplôme supérieur contre un sur cinq dans les années 70 –, ce diplôme ne leur assure pas l’accès aux postes visés.
« Beaucoup de jeunes constatent un écart entre leur qualification et le type d’emploi qu’ils occupent, car la valeur du diplôme a diminué », explique Clément Beaune, Haut-commissaire au Plan.
Aujourd’hui, 36 % des diplômés de niveau bac sont ouvriers ou employés, soit trois fois plus qu’en 1983. Une étude de l’Insee de septembre indique que 15 % des jeunes en emploi jugent leurs compétences supérieures aux exigences de leur poste.
Des carrières plus instables qu’autrefois
L’insertion professionnelle des jeunes est également plus complexe : « Un jeune aujourd’hui va occuper plus d’emplois que son aîné et connaîtra plus d’épisodes de chômage », constate Anne Bucher, directrice du département Travail au HCSP.
Les trajectoires professionnelles sont moins linéaires, synonymes d’instabilité. « En 1982, 75 % des jeunes avaient un emploi stable, contre 43 % en 2023, ce qui traduit la précarisation de l’emploi », ajoute Anne Bucher.
Salaires et perception financière
Contrairement aux idées reçues, les jeunes actifs gagnent mieux leur vie que leurs aînés au même âge. « Un jeune ayant accédé à son premier emploi entre 2009 et 2011 gagnait 11 à 13 % de plus qu’un jeune entre 1975 et 1980, grâce à la progression générale des salaires », explique Anne Bucher. L’écart salarial moyen entre femmes et hommes a également été réduit de moitié depuis les années 1980.
Pourtant, beaucoup se sentent moins à l’aise financièrement. Cela s’explique en partie par une contribution plus importante à la protection sociale (38 % en 2019 contre 32 % en 1979), et parce que les salaires des jeunes ont moins progressé que ceux des actifs plus âgés. « Ils ont reculé dans la hiérarchie des salaires », souligne Clément Beaune.
Le logement, un défi majeur pour les jeunes
L’accès au logement représente une autre fracture générationnelle. « Il s’est objectivement beaucoup dégradé pour un jeune actif, avec des inégalités accrues entre riches et pauvres », indique Clément Beaune.
L’effort financier des locataires a plus que doublé depuis 1975. Acheter un appartement avec le même apport nécessite désormais 23 ans, contre 10 ans pour les trentenaires d’autrefois.
Un contexte d’incertitude globale
Au-delà des chiffres, le ressenti des jeunes trentenaires s’explique par un contexte global incertain. « La multiplication des crises – économique, environnementale, internationale, renforce l’idée que leur avenir est plus complexe et moins lisible que celui de leurs parents », conclut Clément Beaune.

SOURCE : Bienpublic

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