Les écoles les plus cotées ont absorbé l’essentiel du vivier, au détriment d’établissements comme le nôtre

Poids des classes préparatoires, attractivité des étudiants étrangers, rivalités entre institutions… Le paysage des écoles de commerce impose de se démarquer. Entretien avec Florence Legros, directrice générale d’ICN.
Pour diversifier leurs recrutements et ouvrir leurs formations à des candidats internationaux, de nombreuses business schools s’implantent hors de France. Avec l’ouverture officielle de son campus berlinois, ville où elle est présente depuis 2019 et première implantation étrangère, ICN suit cette dynamique. Échange avec sa directrice générale, Florence Legros.
Pourquoi avoir choisi Berlin pour une implantation ?
La proximité entre Nancy où se situe le campus français et l’Allemagne rend ce choix naturel. Berlin incarne aussi des valeurs qui nous inspirent profondément, comme l’esprit entrepreneurial.
Nous prenons place dans le quartier central d’Alt-Moabit, au cœur de la capitale allemande. Même si notre présence remonte à 2019, ce nouveau site exprime réellement l’esprit que nous voulons transmettre. Le bâtiment, d’abord loué puis totalement rénové, adopte désormais l’identité graphique commune à nos campus, afin d’assurer une expérience homogène.
Pour l’instant, notre développement international se concentre sur l’Allemagne, mais d’autres ouvertures verront le jour, uniquement lorsque nous pourrons préserver notre haut niveau d’exigence.
Avec notre nouveau partenaire GEDU Education, nous préparons le lancement d’un Executive MBA en Inde. D’autres implantations suivront dans les prochaines années.
Quels programmes seront disponibles sur le campus allemand ?
Nous accueillons déjà à Berlin des étudiants internationaux inscrits dans l’un de nos huit MSc, entièrement repensés pour s’aligner sur notre pédagogie expérientielle. Cette refonte s’accompagne d’un renforcement du corps professoral, d’une intégration accrue de la recherche et d’une ouverture internationale encore élargie.
Les élèves du Programme Grande École pourront également suivre un cursus en anglais, avec trois spécialisations proposées en 3ᵉ année. Nous avons aussi lancé un International BBA, accessible aux étudiants français souhaitant étudier en Allemagne. Nous développerons des certificats et micro-certifications afin de valider des compétences techniques. À terme, environ 500 étudiants cohabiteront sur le campus.
Les classes préparatoires resteront-elles longtemps un vivier pour les grandes écoles ?
Nous y sommes toujours très attachés et faisons évoluer nos concours. Dès la session BCE 2026, ICN s’appuiera sur la dissertation de culture générale EMLYON – HEC Paris et conservera l’épreuve LEGO® à l’oral. La préparation aux langues sera également renforcée (anglais, allemand, espagnol).
Cependant, les volumes se sont nettement réduits. Les écoles les plus sélectives ont capté la majorité du vivier, au détriment d’institutions comme la nôtre. C’est pour cela que nous avons limité les admissions à 100 candidats l’an dernier : pour maintenir le niveau sans descendre trop loin dans les listes d’attente. Je pense que nous continuerons à recruter des préparationnaires, tout en élargissant la diversité des profils. Les étudiants eux-mêmes apprécient la variété (BUT, université, prépa…).
Quelles conséquences entraîne l’instabilité des financements de l’apprentissage ?
Comme tout le secteur, nous subissons ces incertitudes. Nous devons stabiliser nos volumes d’apprentis. Je reste toutefois convaincue que la qualité de notre offre protège des acteurs moins rigoureux qui ont perturbé le marché. Nous avons sans doute atteint un plafond, mais sans mettre en difficulté les étudiants concernés : nos dispositifs d’aides seront renforcés pour prendre le relais si nécessaire.
Quels sont vos objectifs de développement ?
Notre budget s’élève à environ 50 M€. Nous visons l’équilibre financier sous trois ans, grâce à une progression importante des effectifs : nous comptons 3 200 étudiants aujourd’hui et visons 5 000 d’ici trois ans.
Nous demeurons une école de taille modeste face à des institutions solidement installées. Notre croissance passera par un recrutement international exigeant, en nous appuyant davantage sur GEDU, en Inde comme ailleurs.
Avez-vous envisagé la suite, alors que peu de femmes dirigent une grande école ?
Je n’ai fixé aucune échéance à ma mission. Ce projet est passionnant et la phase actuelle de construction d’ICN est stimulante. Une succession devra être anticipée et j’aimerais qu’elle soit assurée par une femme, car nous restons très peu nombreuses à diriger une business school en France.
Quel impact a eu l’arrivée du partenaire anglais GEDU ?
Nous collaborons étroitement avec leurs équipes sur nos projets et notre stratégie. Un premier investissement de 20 M€ est en cours ; il finance notamment le campus berlinois, sa rénovation et le recrutement d’enseignants-chercheurs. Leur apport est réel, porté par une ambition d’expansion internationale.
Notre atout est de pouvoir compter sur un partenaire qui adopte une vision long terme et intègre les exigences de qualité propres aux accréditations françaises et internationales. La feuille de route prévoit l’intégration d’ICN dans la stratégie globale de GEDU, mais aussi l’adaptation de GEDU aux particularités d’une grande école française. Un total de 40 M€ d’investissements est prévu.

SOURCE : Leparisien

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