Pays-de-la-Loire : face à l’évolution des marchés de la région, les organismes de formation s’inquiètent

Alors que l’Urof Pays-de-la-Loire dénonce « l’arrêt brutal » de plusieurs marchés de formation à partir du 1er janvier 2026, la région justifie sa décision par des taux d’insertion jugés « médiocres », compris entre 30 % et 42 %. « Pour ces métiers (animateurs sportifs, gardiens d’immeubles, installateurs de fibre…), la réponse se trouve ailleurs, surtout dans l’alternance », estime Jean-Luc Catanzaro, vice-président emploi formation. Bien que le budget 2026 soit en cours d’élaboration, la région dit avoir « bon espoir » de préserver ses moyens : « on ne fera pas d’économies avec les lots arrêtés, explique-t-il. Les enveloppes seront repositionnées sur les filières qui affichent de bons résultats et une hausse des intentions d’embauche ».
Des arrêtés de marché jugés brutaux par les acteurs
Des marchés de formation interrompus « sans préavis ni transition » au 1er janvier 2026 : c’est ce qu’affirme l’Urof Pays-de-la-Loire, qui rapporte les alertes de plusieurs organismes. Dans un mail du 17 octobre 2025, la région a indiqué que certains marchés de formation continue ne seraient pas renouvelés en 2026, concernant huit secteurs : commerce ; métiers supports ; numérique (hors lot expérimental) ; formation et insertion ; télécommunications ; animation, enfance, jeunesse ; sport ; habitat social.
Corinne Langlais, déléguée régionale du Synofdes et présidente de l’Urof, estime que ces décisions touchent « des structures déjà fragiles ». Dans un courrier, elle alerte sur « la rupture dans les parcours de qualification », qui frappe les demandeurs d’emploi : « ces formations sont pour beaucoup un levier de reconstruction et de remobilisation. Leur suppression renforce leur sentiment de précarité et éloigne les perspectives d’insertion ».
Des marchés pouvant être arrêtés chaque année
Depuis la politique « 1 emploi = 1 formation » lancée en 2024, la région s’appuie sur des marchés d’un an, reconductibles trois fois. Une analyse précise des besoins est menée « métier par métier et territoire par territoire ». Jean-Luc Catanzaro assume une « politique adéquationniste » destinée à « répondre directement aux besoins des entreprises ». Environ 40 % des places peuvent être commandées sans intention d’embauche ; le reste dépend d’engagements préalables des employeurs.
Pour Corinne Langlais, le système impose un « double couperet » : une volumétrie minimum fixée par la région, et la possibilité d’arrêter chaque année des lots. « C’est ce qui s’est produit avec huit lots », déplore-t-elle. Elle critique aussi une logique qui « réagit trop à court terme » et peut réduire la durée des parcours.
Les Acteurs de la compétence sont toutefois plus positifs, saluant un dispositif jugé « porteur pour la formation et l’emploi ».
Un taux d’accès à l’emploi évalué à 73 %
Lors du Comité régional de l’emploi du 14 novembre 2025, la région a présenté son bilan : 73 % des sortants de formation accèdent à l’emploi dans les six mois, contre 60 % au niveau national. Les publics prioritaires représentent 63 % des effectifs, pour un objectif de 70 %. Près de 80 % des formations sont certifiantes, répondant à une demande des employeurs.
En 2025, le dispositif compte 92 lots, 5 000 places prévues et un budget de 46,6 M€, avec une prévision finale de 5 600 entrées. Les 32 lots non reconduits représentent 5,4 M€ et 963 places. « Beaucoup n’ont jamais démarré ou peinent à fonctionner », note Jean-Luc Catanzaro. Certains affichent même 7 % d’insertion. Les lots concernés présentent des résultats allant de 30 % à 42 %, et parfois seulement 15 % dans l’animation ou 35 % dans le sport.
D’autres solutions envisagées, dont l’alternance et le CPF
Avant de mettre fin aux lots, la région affirme avoir vérifié l’existence de solutions alternatives. Pour les jeunes, l’apprentissage reste privilégié. Pour d’autres publics, le CPF, que la région abonde, peut être mobilisé. En 2025, 2 M€ ont été affectés majoritairement aux formations numériques et de transition écologique.
Pour 2026, le dispositif « 1 emploi = 1 formation » est maintenu. Les 5,4 M€ seront redéployés vers les lots les plus performants et vers l’abondement du CPF. L’enveloppe globale de 46 M€ devrait être conservée malgré la baisse du financement de l’État dans le Pric.
Vers des formations plus courtes et plus adaptées ?
Pour Jean-Luc Catanzaro, l’objectif reste « le parcours vers l’emploi ». Des formations trop longues peuvent « épuiser les apprenants », surtout lorsque la rémunération de stagiaire est faible. D’où la volonté d’impliquer davantage les entreprises via les contrats de professionnalisation. « On cible des publics de plus en plus éloignés de l’emploi, qui ont besoin d’étapes intermédiaires. Si l’entreprise peut certifier, c’est une bonne nouvelle », affirme-t-il.
Le yo-yo ressenti par les organismes de formation
Les organismes ont beaucoup investi ces dernières années : réforme de l’apprentissage, Pacte, montée en puissance des POEI et POEC… Mais en 2025, un ensemble de contraintes simultanées (réduction des coûts-contrats, baisse des aides à l’apprentissage, récession, budgets publics plus serrés) les met de nouveau sous pression.
Jean-Luc Catanzaro estime que l’évolution du modèle n’abrège pas les parcours : « on demande un métier différent aux organismes. L’accompagnement devient central, avec la possibilité d’enchaîner ensuite sur des contrats de professionnalisation ».

SOURCE : AEF INFO

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