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ÉDUCATION
28
August 2024

Rechercher un logement : les défis et inégalités pour les étudiants

La crise du logement étudiant est souvent abordée dans les médias, mais il manque encore de données complètes pour dresser un tableau précis de la situation en France. Les données émergentes des observatoires territoriaux du logement étudiant (OTLE), ainsi que les enquêtes menées par des organismes comme l’Observatoire de la vie étudiante, l’AFEV ou la Fondation Abbé Pierre, commencent à nous fournir un éclairage plus clair sur ces enjeux.

Examiner des zones avec une faible tension sur le marché locatif, comme Le Havre, peut révéler des aspects différents de la recherche de logement. Quels sont les critères que les étudiants privilégient pour vivre leur expérience universitaire en toute sécurité et sérénité ?

Des enquêtes qualitatives réalisées par des étudiants du master HALIS – Habitat, logement, ingénierie sociale à l’Université Le Havre Normandie offrent des réponses à cette question, en explorant au-delà des simples problèmes d'accessibilité.

Une vue d'ensemble sur l’accès au logement

Le Havre, une ville en pleine expansion étudiante, accueille de plus en plus d’étudiants internationaux. Lors de l’année universitaire 2021-2022, parmi 13 650 étudiants, 10 % venaient de l’étranger, représentant 110 nationalités différentes, grâce à la diversité des formations offertes par des institutions comme l’Université Le Havre Normandie, l’École de Management de Normandie, et d’autres établissements.

Même dans des régions avec peu de pression résidentielle, la recherche d'un logement peut être compliquée et révélatrice d’inégalités sociales. Certains étudiants, sans aide extérieure ni garant, doivent naviguer seuls dans des démarches souvent lourdes et stressantes, tandis que d’autres bénéficient du soutien de leur famille. Les annonces immobilières peuvent parfois cibler des étudiants sans réseau ou étrangers, leur proposant des logements dégradés. Illan, 23 ans, commente :

« Les démarches sont longues et compliquées, et il y a tellement de paperasse que c’est épuisant. C’est peut-être pour cela que beaucoup préfèrent rester chez leurs parents. »

Katia, 22 ans, en master, ajoute :

« Financièrement, c’était difficile au début : il fallait acheter des meubles, ouvrir des comptes, payer la caution et le loyer d’avance. Avec la perte des APL le premier mois, cela représente une somme importante. »

Trouver un garant : un obstacle supplémentaire

Après avoir trouvé un logement, les étudiants, qu'ils soient étrangers ou français sans garant, doivent souvent trouver des solutions alternatives. Beaucoup de propriétaires ne reconnaissent pas la garantie Visale, un dispositif couvrant environ 1 million de logements en France. Certaines associations, comme CHLAJ76 et Partageons un Havre, aident les jeunes en les logeant temporairement ou en repérant des logements de qualité labellisés.

Les logements CROUS, généralement les moins chers, sont souvent réservés aux étudiants à faibles revenus, souvent étrangers. En revanche, les résidences privées, souvent chères, accueillent des étudiants plus favorisés. Dans les zones tendues, il est courant de devoir payer des loyers élevés dès juillet pour une rentrée en septembre, parfois jusqu’à 1 000 euros pour 18 m² en région parisienne. Ces résidences modernes, dotées d’espaces collectifs, se sont adaptées aux préférences des jeunes, qui recherchent davantage de sociabilité.

La mobilité des alternants et les défis financiers

Les étudiants en alternance rencontrent des défis particuliers, comme jongler entre leur logement et des trajets longs ou des séjours chez des amis. Bien que des dispositifs comme l’Avance loca-pass ou Mobili-jeunes existent, ils présentent des limites en termes de visibilité et de couverture. Les alternants peuvent se retrouver à devoir financer deux logements, ce qui est difficile, d’autant plus que les APL ne peuvent pas être attribuées pour plusieurs logements.

La sécurisation des parcours est également un enjeu important. Les jeunes en difficulté professionnelle ou académique peuvent être contraints de retourner vivre chez leurs parents, faute de soutien.

Construire un chez-soi

Pour les étudiants des premiers cycles, retourner chez leurs parents peut être perçu comme un retour à la maison. Ils s’approprient progressivement leur logement étudiant en y ajoutant des touches personnelles. Feriel, étudiante en master de 23 ans, explique :

« J’ai installé ma télé, mis une grande peluche à côté de mon lit, accroché un rideau pour séparer mon lit de la pièce principale, et décoré les murs et le frigo avec des photos. »

Florence, étudiante en licence de 21 ans, insiste sur l'importance de la sécurité :

« Je me sentais en sécurité dans mon quartier agréable, ce qui était crucial pour moi. Même dans mon studio, j’étais bien et je me sentais chez moi. »

Les étudiants cherchent à vivre près de leur établissement pour réduire les frais de transport et parfois de nourriture. La sécurité du quartier, de jour comme de nuit, est une priorité. Certains étudiants, méconnaissant le quartier lors de la signature du bail, se retrouvent dans des zones où ils ne se sentent pas en sécurité la nuit.

La ville du Havre facilite la mobilité nocturne avec le service Lia de nuit, disponible tous les jours de l’année, offrant des trajets à la demande. Katia, 22 ans, apprécie :

« Mon quartier est bien desservi : le tram est à 5 minutes à pied, la plage et le square St-Roch sont à moins de 10 minutes, et il y a de nombreux commerces et activités. »

Ces éléments soulignent l’importance de considérer la problématique du logement étudiant de manière globale. Au-delà de l’accès au logement, il est crucial pour les jeunes de s’intégrer dans leur quartier et de vivre pleinement leur expérience universitaire.

SOURCE : THE CONVERSATION

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